Alma de Africa, le club des migrants

 Alma de Africa, le club des migrants

crédit photo : Alma de Africa


MAGAZINE DECEMBRE 2017


En Espagne, la ville de Jerez de la Frontera est réputée pour son flamenco et ses magnifiques chevaux. Pourtant, elle est aussi le terrain d’une expérience unique au monde : une équipe de football composée de réfugiés africains.


Une centaine de kilomètres séparent Jerez de la Frontera, ­cinquième plus grande ville d’Andalousie, de Gibraltar, rocher britannique ancré au sud de l’Espagne et porte d’entrée de l’Afrique. Une proximité qui incite de nombreux migrants, arrivés illégalement dans la péninsule ibérique, à s’établir dans la ville de façon temporaire ou permanente. Par passion, ou pour passer le temps, ils se retrouvent pour jouer au football.


Un jour, Quini Rodríguez, infirmier et ancien joueur, tombe par hasard sur un de leurs matchs. “L’idée lui est venue d’arbitrer ces rencontres”, explique Alejandro Benitez, président et cofondateur d’Alma de Africa. Les deux hommes décident alors d’organiser un tournoi amical. La compétition connaît un vif succès et de nombreux médias en parlent. Les deux amis contactent alors la fédération régionale et apprennent que les joueurs étrangers n’ont pas besoin d’être régularisés pour intégrer une équipe en compétition régionale. Il leur faut simplement un passeport valide. En 2013, l’association Alma de Africa – “l’âme de l’Afrique” – voit le jour.


 


Redonner confiance par le sport


Ce projet d’intégration sociale à travers le football tenait à cœur à Quini Rodríguez, lequel venait de perdre sa sœur : “C’était une femme formidable, impliquée dans les problématiques des réfugiés. D’ailleurs, nous avons choisi le nom de l’association en référence à l’âme de la sœur de Quini”, confie Alejandro Benitez. La singula­rité de l’équipe s’affiche sur les maillots. En plus du flocage ha­bituel, on peut y lire un extrait de l’article 14 de la Déclaration inter­nationale des droits de l’homme : “Toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays.” Car, plus qu’une équipe de football, Alma de Africa est une opportunité de redonner confiance aux réfugiés en situation irrégulière en leur offrant la possibilité de pratiquer un sport qu’ils aiment. Et pour lequel ils sont souvent très bons. Arrivés des quatre coins de l’Afrique, après un long et dangereux périple, ils ont quitté leur pays pour se construire un avenir meilleur.


 


En recherche de financements


C’est le cas de Christian Tchikangoua. Cela fait maintenant un an et demi que le jeune Camerounais a rejoint l’équipe. “Je suis content car on vient de passer en deuxième division régionale.” Depuis son plus jeune âge, il est passionné de football. “J’ai même intégré un centre de formation au Cameroun, mais, faute de moyens financiers, de travail, je n’ai pas pu continuer.” Lui aimerait rester à Jerez de la Frontera et régulariser sa situation administrative : “Ce qui me manque le plus, c’est la famille. Je voudrais régler ces problèmes de papiers et rendre visite à mes sœurs.” En attendant, il se débrouille en travaillant dans la vente de chaussures.


 


Améliorer les conditions de vies des migrants, les aider à régulariser leur situation et à trouver un travail, tout cela est au cahier des charges d’Alma de Africa. Mais l’association rencontre elle aussi des difficultés financières. Il lance donc un appel : “Nous sommes à la recherche de financements publics et privés pour continuer notre travail et faire grandir le projet. Si nous obtenons plus de moyens nous aimerions créer le premier centre d’accueil sportif pour les migrants en Europe.” A bon entendeur… 


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Ryslaine Boumahdi