Des réfugiés menacés d’être mis à la rue en pleine trêve hivernale

 Des réfugiés menacés d’être mis à la rue en pleine trêve hivernale

Illustration / JULIEN MATTIA / NURPHOTO


Vont-ils être mis à la rue en pleine trêve hivernale ? Des réfugiés et demandeurs d'asile ayant trouvé refuge depuis un an dans des bâtiments, voués à la destruction, de la rue Schaeffer à Aubervilliers (93) sont sous la menace d'une expulsion. Après l'audience, aucune date n'a été arrêtée. L'interrogation réside dans le fait de savoir si le tribunal laissera ces personnes passer l'hiver sous un toit…


Conditions de « vie »


« La « chance » qu'ils ont eue c'est que l'électricité n'a pas été coupée. Mais pas forcément le chauffage. Il n'y a pas de toilettes partout (…) Avec l'arrivée du froid, ça devient de plus en plus dur » confie M. Durand, soutien du collectif Schaeffer et syndicat CGT Sain-Gobain Aubervilliers. A leur arrivée dans ce squat, les réfugiés et demandeurs d'asile étaient une cinquantaine, aujourd'hui ils sont une centaine. Autant de personnes qui pourraient se retrouver à la rue dans les semaines qui suivent. C'est pourquoi, hier (6 novembre), le collectif Schaeffer organisait un rassemblement devant la préfecture pour demander une audience au préfet. Pour le moment, les réfugiés doivent une nouvelle fois attendre une éventuelle réponse écrite…


L'attente du jugement


Attendre et espérer. Espérer garder ce toit en attendant d'être relogés dans de meilleures conditions. Mais face à l'impatience du propriétaire de l'immeuble de récupérer ces locaux pour en faire de juteux investissements locatifs, la cause semble perdue. Toutefois, les réfugiés ne se laissent ni abattre, ni acheter : « L'avocat du propriétaire est passé par l'avocat du collectif pour lui proposer une somme d'argent. Ce qui n'intéressait pas les habitants, qui veulent surtout des papiers, un logement décent… » confie le soutien du collectif. Tentative infructueuse juste avant de saisir le tribunal d'instance d'Aubervilliers et a demandé l'expulsion immédiate. Après l'audience du 3 octobre dernier, le tribunal s'est mis en grève et n'a donc toujours pas prononcé de verdict.


Mairie impuissante ?


Après un rassemblement face à la mairie d'Aubervilliers, le 18 novembre dernier, Des délégués du collectif ainsi que des soutiens ont été reçus par la maire, Meriem Derkaoui (PCF). Cette dernière a déploré le manque de locaux de sa ville et l'impossibilité de mettre à disposition un lieu pendant la trêve hivernale mais a promis le minimum : « Elle a dit qu'elle agirait auprès du conseil départemental pour trouver des solutions d'hébergement pour les mineurs isolés du squat Schaeffer. Mais ça normalement c'est déjà prévu par la loi » explique M. Durand. La Maire a également rappelé que tout ne dépendait pas d'elle et qu'elle était aussi très dépendante des décisions de la préfecture. Un argument loin de convaincre le collectif Schaeffer : « Nous ne sommes pas naïfs, les mairies et les préfectures se renvoient toujours la balle. Nous commençons à en avoir l'habitude ».


En attendant, les espoirs reposent sur un éventuel geste de la préfecture de Seine-Saint-Denis, autant dire qu'ils sont minces.


CH. Célinain


 

Charly Célinain