Nouveau gouvernement, nouvelle polémique liée à l’éducation

 Nouveau gouvernement, nouvelle polémique liée à l’éducation

PHILIPPE DESMAZES / AFP


Un remaniement ministériel et déjà les prémices d'une contestation concernant la mesure « 100% de réussite au CP ». Suite aux annonces du ministère de l'Education nationale, la direction académique commence à mettre en place les éléments pour appliquer cette mesure dès la rentrée prochaine. Le problème c'est que, pour l'appliquer, il est prévu de redéployer des postes attribués dans le cadre de la réforme de l'éducation prioritaire. Inadmissible pour les syndicats.


Effectifs insuffisants


La mesure « 100% de réussite au CP » a pour objectif de réduire le nombre d'élèves par classe à 12 pour une meilleure qualité d'enseignement. Une mesure qui, a priori, satisferait tout le monde, enseignants comme parents d'élèves et qui concernerait environ 200 classes de Seine-Saint-Denis. Le problème c'est que la direction académique veut mener cette mesure à moindre coût.


Dans les faits, le dispositif « plus de maîtres que de classes » (PDMQDC), mis en place par le gouvernement Hollande pour affecter des enseignants supplémentaires dans les écoles notamment du réseau d'éducation prioritaire, sera « pillé » dès la rentrée, comme le confirmait l'entourage du président en mai dernier : « Cette mesure s’appliquera progressivement. En septembre, elle concernera l’intégralité des CP dans les REP + [réseaux d’éducation prioritaire renforcés] et une partie des REP, par redéploiement des 5 000 postes de « plus de maîtres que de classes » » (Le Monde.fr).


Sauf que, selon Sud Education 93, les PDMQDC sont devenus très importants dans les établissements de REP+ et que « le nombre de brigades de remplacement était encore pour cette année 2016/2017 nettement insuffisant au regard des milliers de journées non remplacées ».


Décidées à la « va-vite »


Outre le fait que malgré ce choix de redéploiement, les effectifs resteraient insuffisants, le Sud Education 93 interroge la direction des services départementaux de l'éducation nationale du 93 (DSDEN) sur la pertinence d'une mesure décidée trop rapidement et, qui plus est, sans le budget adéquat : « Sur tout le territoire de la Seine-Saint-Denis, cette mesure sera mise en place en fonction des capacités des communes (…) Certaines communes ont déjà proposé de mettre des paravents ou des cloisons pour séparer les classes. Alors que la dotation nationale baisse chaque année pour les communes, c'est encore à elles de financer les mesures décidées à la « va-vite » du gouvernement ».


Ce qui inquiète les syndicats c'est, qu'en plus de risquer de déstabiliser un système ayant de bons résultats dans les établissements REP+, que la DSDEN fasse appel à des contractuels face à l'insuffisance des effectifs remplaçants : « le recours à la précarité n'est toujours pas une solution ni pour les collègues contractuel-les (conditions d'exercice du métier déplorables), ni pour les élèves, ni pour l’ensemble des équipes éducatives ».


C'est pourquoi, plusieurs syndicats, dont Sud Education, appellent leurs collègues enseignants à la grève demain (23 juin) et se rassembleront devant les locaux de la DSDEN pour demander 1000 postes supplémentaires.


Le nouveau gouvernement a donc déjà du travail et devra gérer au mieux cette nouvelle mesure, pour éviter d'éventuels mouvements sociaux à la rentrée, si les demandes des enseignants ne sont pas entendues.


CH. Célinain

Charly Célinain