Amal Bentounsi réclame la révocation du policier coupable de la mort de son frère

 Amal Bentounsi réclame la révocation du policier coupable de la mort de son frère

Amal Bentousi


Damien Saboundjian, le gardien de la paix, reconnu coupable par la cour d'appel de Paris, en mars 2017 de la mort d'Amine Bentounsi, exerce-t-il toujours son métier de policier ? Amal Bentounsi, la sœur de la victime, en est persuadée.


Scandalisée que Damien Saboundjian "n'ait pas été sanctionné", elle a donc décidé d'écrire au défenseur des droits pour que celui-ci intervienne auprès de l'administration policière afin que le gardien de la paix soit révoqué.


"À ma grande stupéfaction, j’apprends qu’aucune mesure disciplinaire n’a été prise à son encontre malgré sa condamnation et de fait, avec un casier judiciaire criminel pour homicide. L'administration habilitée à prendre des sanctions à l’égard de celui-ci ne l’a pas fait…pire, il exerce toujours la fonction de policier à Grenoble", écrit-elle dans son courrier que Le Courrier de l'Atlas a pu consulter. 


Le 10 mars 2017, les jurés de la cour d'appel de Paris condamnaient définitivement Damien Saboundjian à cinq ans d’emprisonnement avec sursis et à une interdiction de détenir une arme pendant cinq années, écartant la légitime défense. Le gardien de la paix avait été acquitté en première instance. 


Damien Saboundjian avait abattu d'une balle dans le dos, le 21 avril 2012, Amine Bentounsi, lors d’une course-poursuite dans les rues de Noisy-le-Sec (93).  



"L'avocat de Saboundjian raconte que son client n'a pas été sanctionné pour des faits dont il a été pourtant reconnu coupable par la justice et qu'il travaille toujours au commissariat de Grenoble", peste Amal Bentounsi. "Comme si il ne s'était jamais rien passé", s'énerve-t-elle encore. 



"Je sais que ce policier a été condamné et que la justice, a en partie été rendue sur cette affaire", continue Amal Bentounsi dans sa lettre. "Mais non seulement, ce combat me laisse un goût d’inachevé mais surtout, il pose une question fondamentale : comment autoriser qu’un policier qui a été reconnu coupable de violences volontaires ayant entrainé la mort d’un individu puisse un jour retrouver son uniforme, son matricule, son arme et son pouvoir de vie ou de mort sur des citoyens ?", demande la jeune femme au défenseur des droits. 



"Lutter contre l’impunité policière c’est aussi s’assurer que des sanctions exemplaires soient prises et que les policiers qui ont eu des comportements aussi graves ne puissent plus jamais exercer, encore moins avec une arme", rappelle Amal Bentounsi. 


"Et s’il recommençait ? Et si Damien Saboundjian commettait de nouveau l’irréparable ? Veut-on prendre ce risque ?". 



Pour Maître Bouaffassa, avocat au barreau de Paris, la "clémence des autorités judiciaires" à l'encontre de Damien Saboundjian n'est pas surprenante. "Même après une condamnation en justice, la sanction disciplinaire n'est pas automatique.", rappelle-t-elle.


"A titre personnel, si cela est avéré, je trouve cela choquant qu'un homme reconnu coupable de la mort d'un homme soit toujours en service. C'est choquant au regard des règles de déontologie des policiers qui exigent de leur part une intégrité. Il n'y a surtout aucune cohérence puisque certains policiers sont sanctionnés disciplinairement pour des faits moins graves. Je me rappelle avoir défendu il y a quelques années un policier poursuivi pour avoir volé un téléphone. La sanction a été immédiate : mon client a été révoqué de la police. Ainsi, une atteinte au bien – qui plus est commise en dehors du service – semble plus sévèrement punie qu'une atteinte à la personne commise dans le cadre du service", lâche Maître Bouaffassa. 


A l'heure actuelle, nous n'avons pas pu vérifier si Damien Saboundjian était toujours en service dans la police nationale. Du côté du ministère de l'Intérieur, c'est silence radio. "On ne divulgue pas ce genre d'informations", nous a-t-on indiqué au téléphone. Quant au commissariat de Grenoble, pas plus de réponse où notre interlocuteur n'a pas souhaité répondre à nos questions.


 Nadir Dendoune

Nadir Dendoune