L’alibi de Tariq Ramadan, négligé par la justice

 L’alibi de Tariq Ramadan, négligé par la justice

Tariq Ramadan


Rebondissement dans l'affaire Ramadan. Un document, intégré à la procédure le 1er février, indique que l'islamologue a pris un vol Londres – Lyon le 9 octobre 2009. L'heure d'arrivée de Tariq Ramadan fragilise la version de l'une des plaignantes, qui affirme avoir été violée ce jour-là.


Un élément non négligeable dans l'affaire Tariq Ramadan a semble-t-il été égaré par le parquet avant de réapparaître. En effet, selon les informations du Parisien, l'islamologue mis en examen pour viols et placé en détention provisoire, pourrait avoir un alibi concernant l'une des agressions présumées.



Le quotidien rapporte que le parquet de Paris a omis de transmettre aux enquêteurs un document faisant état d'une réservation pour un vol Londres-Lyon, que Tariq Ramadan aurait effectué le 9 octobre 2009. Cette date n'est pas insignifiante dans l'affaire puisque c'est ce jour-là que l'une des plaignantes affirme avoir été violée par l'islamologue dans un hôtel lyonnais.


Or, "le document indique que le prédicateur, qui devait participer le soir même à 20h30 à une conférence dans la capitale des Gaules, se serait posé à l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry à 18h35", précise Le Parisien. La défense de Tariq Ramadan souligne que cet élément fragilise la version de la plaignante, qui affirme avoir été violée "dans l'après-midi".


La réservation d'avion fait partie d'une note adressée le 6 décembre dernier par les avocats de Tariq Ramadan à la section P20 du parquet de Paris, c'est-à-dire la section chargée de diriger l'enquête préliminaire ouverte le 20 octobre dernier. Dans un e-mail du 7 décembre, le service de l'accueil et du bureau d'ordre pénal du parquet accuse pourtant réception de la note, précisant que le courrier «a été transmis au service compétent».


Alors que le théologien est placé en garde à vue mercredi dernier, ses avocats s'étonnent qu'à aucun moment les enquêteurs du 2e district de police judiciaire (DPJ) ne l'interrogent sur son alibi. Et pour cause : ils ne savent pas de quoi il retourne. En urgence, Mes Bouzrou et Granier envoient un courrier au parquet de Paris pour obtenir des explications.


Les policiers en font manifestement de même comme en atteste un procès-verbal rédigé jeudi après-midi par une capitaine du 2e DPJ : « Sommes avisés électroniquement par Madame L. de la réception d'un courrier adressé par Me Bouzrou au parquet de Paris en date du 6 décembre 2017. Madame L. nous indique que la section P20 n'a jamais été destinataire de ce courrier, sans raison connue ».


La perte temporaire de la note n'est donc pas contestée. Le procès-verbal décrit ensuite le contenu de ce courrier vieux de près de deux mois. La réservation du billet d'avion fait enfin son entrée dans la procédure le 1er février à 15h45, à quelques minutes seulement de la confrontation entre Tariq Ramadan et son accusatrice. L'islamologue sera mis en examen et incarcéré le lendemain à l'issue de sa présentation devant les juges d'instruction sans que ce fameux alibi ne soit vérifié… Rapportent nos confrères du Parisien.


 Le débat sur la détention de Tariq Ramadan sera tranché aujourd'hui mardi.


 


Voir aussi : 


Tariq Ramadan déféré devant la justice


Affaire Ramadan : ce qu'il risque

Seif Soudani