Boubacar Sagna joue la carte « Santé » au Sénégal

 Boubacar Sagna joue la carte « Santé » au Sénégal

Les fondateurs de Yenni : Boubacar Sagna (à gauche) et Lassina Gbakalé. “Notre objectif


MAGAZINE DECEMBRE 2017


Boubacar Sagna, cofondateur et directeur général de Yenni, une Fintech spécialisée dans la santé, propose aux Africains de la diaspora une solution innovante pour financer leurs soins et ceux de leurs proches. 


Boubacar Sagna, 36 ans, est un humaniste né, devenu un entrepreneur 3.0 “par accident”, après des études d’histoire. Il fait sienne cette devise : “Le monde appartient à ceux qui rêvent grand.” C’est en se retrouvant étudiant étranger à Toulouse, sans travail, avec une ­famille au Sénégal dans le besoin, qu’il se rend compte de la chance qu’il a de posséder une carte Vitale. Un ­déclic : le jeune homme décide créer ce système de ­couverture médicale en Afrique. Et comme il le dit ­lui-même avec la sagesse de Mark Twain : “Je ne savais pas que c’était impossible, alors je l’ai fait !”


 


Yenni signifie “soulager” en wolof


Sa start-up naît en 2014, avec l’association de son compère Lassina Gbakalé, un Toulousain d’origine ivoirienne. A force de ténacité, ils finissent par séduire la clinique Pasteur de Toulouse, laquelle accepte de ­financer le développement de leur plateforme.


C’est ainsi que le rêve devient réalité. Yenni – qui signifie “soulager” en wolof – voit le jour. Si, pour l’heure, cette Fintech est installée dans la Ville rose et à Dakar, le rêve de Boubacar est d’ouvrir des filiales partout en Afrique. Le procédé de Yenni est simple : la carte s’adresse à tous les Sénégalais, non (ou mal) assurés qui peuvent bénéficier du soutien financier d’une tierce personne (souvent un membre de la famille). Depuis un compte créé sur le site de l’entreprise, on peut gérer consultations médicales et achats de médicaments. Un principe qui s’apparente à celui d’une carte Vitale.


“Grâce à ce système de paiement rechargeable ­sécurisé, les ­détenteurs de la carte peuvent profiter de consultations, de soins et de médicaments dans notre réseau de pro­fessionnels partenaires au Sénégal”, précise Boubacar ­Sagna. La carte fonctionne également comme un porte-monnaie électronique pour les soins d’urgence. Le tout à moindre coût : quand les systèmes africains actuels prélèvent en moyenne 12 ou 15 % de commissions, Yenni ne prend que 5 %.


Cette entreprise résolument citoyenne et sociale, Boubacar l’a pensée pour encourager les Africains à se soigner. A terme, il a pour objectif de reverser 40 % de ses bénéfices aux structures de santé afin de rehausser leur plateau médical. Ce jeune entrepreneur voit sa plateforme comme une autoroute à péage, fluide et la moins chère possible, pour enfin permettre l’accès aux soins pour tous.


 


Croire aux belles idées


Convaincu que le monde de demain s’accompagne de “co” (co-développement, cofinancement, coworking, covoiturage…), Boubacar Sagna croit aux belles idées, en un monde de collaboration et solidarité. Avec Yenni, il voit loin et grand pour lutter contre les déserts médicaux en Afrique. “Nous avons créé une entreprise spécialisée dans l’épargne-santé. C’est une première étape. Notre objectif est de devenir la prochaine ‘néo-­assurance’, afin que tous les Africains puissent accéder facilement aux soins médicaux.”


Une utopie que Boubacar Sagna s’évertue à rendre de plus en plus réaliste, alors que les trois-quarts de la population en Afrique ne bénéficient pas encore d’assurance maladie. 


 


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Alexandra Martin