Yassir Kazar : Fier de protéger Amnesty International

 Yassir Kazar : Fier de protéger Amnesty International

crédit photo : Rachid Bennis


MAGAZINE DECEMBRE 2017


En 2015, ce Franco-Marocain cofonde Yogosha, une start-up française spécialisée dans la cybersécurité. Deux ans et un Grand Prix de l’innovation de la Ville de Paris plus tard, lui et ses associés lèvent 1,2 million d’euros. Prometteur… 


Outre ses nombreuses activités : enseignant, activiste, expert en technologies de l’information, Yassir Kazar est aussi, comme il se décrit lui-même, un “entrepreneur dans l’âme”. Son entreprise, Yogosha (“défenseur” en ­japonais), installée à Boulogne-Billancourt, est avant tout pour lui une aventure humaine et une nécessité. “Le projet est né de la réflexion d’une équipe pluridisciplinaire qui désirait créer une offre pertinente afin de mieux sécuriser les organisations. Cette ­expérience m’a permis d’apprendre beaucoup sur moi-même, sur les autres, de me ­remettre en question, insiste-t-il. Tout cela dans la bonne humeur, le respect de l’autre et la transparence. Notre communauté est une source de fierté. On ressent une certaine satisfaction lorsque nous pouvons aider à mieux protéger des organisations comme Amnesty International.”


Pour Yassir Kazar, l’impressionnante levée de fonds de quelque 1,2 million d’euros que l’entreprise vient de réa­liser n’est pas nécessairement synonyme de succès. “C’est une étape importante. Cela va nous permettre de ­recruter, de consolider notre travail sur le marché français et européen. On a réussi à démontrer la pertinence de notre projet et comme la cybersécurité a le vent en poupe, elle attire nombre d’investisseurs. Mais je considère que ce succès correspond plus à la réalisation d’objectifs et à la satisfaction des clients.”


 


Une filiale au Maroc est envisagée


Au fait des potentiels de développement de ce marché, l’expert en intelligence économique ne cache pas son envie de s’implanter en Afrique et, pourquoi, pas d’ouvrir une filiale au Maroc, son pays d’origine.


Car l’un des grands atouts de Yogosha, c’est sa communauté de hackers “éthiques” : les “white hats”. La plate­forme permet de connecter ces experts directement avec les clients, afin de détecter des failles dans leurs technologies. Une démarche bien connue aux Etats-Unis sous le nom de “Bug Bounty”, mais appliquée par la start-up française dans un cadre privé. Pour calibrer cette offre sur mesure, Yogosha propose des prestations et une grille tarifaire flexibles et adaptées aux besoins du client. L’idée séduit rapidement de nombreuses entreprises telles que Bouygues Telecom, Cdiscount ou encore la radio Skyrock.


Pour dénicher ces fameux hackers, Yogosha utilise différentes techniques : “On repère des talents lors de rencontres ou de concours en sécurité informatique. Nous disposons aussi d’une série de tests en ligne permettant de valider les compétences techniques, le niveau d’expertise, et les capacités rédactionnelles et pédagogiques.”


 


Le réseau, c’est l’avenir


Aujourd’hui, alors que le nombre d’objets connectés ne cesse de croître, Yassir Kazar est persuadé que les communautés de hackers occupent un rôle central. “Le fait de partager sans cesse des informations a ­influencé beaucoup de mouvements, comme celui de l’économie collaborative, souligne-t-il. Nous faisons face à un changement de paradigme global, où le réseau s’impose comme une forme d’organisation plus réaliste d’un point de vue scientifique, physique, corporel, que les structures hiérarchiques classiques. Ce type de fonctionnement nous permet de percevoir le réel avec davantage de pertinence.” 


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