Auto Retro, le Maroc roule à l’ancienne

 Auto Retro, le Maroc roule à l’ancienne

Crédit photo : Cyril Neveu Promotion


Du 10 au 18 mars, une soixantaine de passionnés de voitures de prestige sillonneront le Royaume, sur près de 2 000 kilomètres, à bord de précieux attelages. En piste pour la 25e édition du Maroc Classic, un rallye pas comme les autres… 


L’aridité du désert, les fraîcheurs de l’Atlas, les embruns d’un bord de mer… De Tanger à Marrakech, la soixantaine de participants à l’édition 2018 du Maroc Classic va découvrir toutes les richesses du territoire chérifien aux paysages variés et parfois méconnus. ­Depuis cinq ans, Cyril Neveu est aux commandes de l’événement. Cet ancien champion, plusieurs fois vainqueur du Paris-Dakar à moto dans les années 1980, ­organise aujourd’hui plusieurs rallyes automobiles. “Depuis dix ou quinze ans, le ‘Classic’ a pris beaucoup d’importance par rapport aux circuits traditionnels qui intéressent moins le public. Ici, on parle de voitures ‘plaisir’, qui coûtent moins cher en entretien que des voitures de rallye pur”, commente celui qui organise aussi le Megève-Saint-Tropez, l’Entre 2 Mers ou le Portugal Tour.


Ce Maroc Classic, pour son 25e anniversaire, Cyril Neveu l’a voulu renouvelé. Depuis sa création, à l’initiative du journaliste et passionné Jean-François Rageys, disparu en 2011, le tracé reliait Casablanca à Marrakech. Cette année, c’est de Tanger qu’il partira : “Nous longerons cette fois la côte méditerranéenne jusqu’à Tétouan.” Puis retour aux villes habituelles du rallye, comme Ifrane, dans le Moyen Atlas, “où nous avons déjà eu de la neige ! On voit un nombre de paysages impressionnants durant cette course, la lumière est fabuleuse”.



Mohammed VI comme parrain


Pour participer, quelques règles : posséder une voiture “historique” – “d’avant 1983” –, si possible éviter les doublons, pour assurer la beauté du spectacle (“il y a beaucoup de Porsche…”), et être ce qu’on appelle dans le milieu un “gentleman driver”. Cette année, parmi les 30  bolides qui vont arpenter les routes du Royaume, les Marocains pourront découvrir de sublimes AC Cobra, Jaguar XK140 Type E, Austin Healey ou même la mythique DS. “La plus vieille date du début des années 1960”, détaille l’organisateur. Mais le rallye, dont le premier départ remonte à 1993, a aussi connu des voitures bien plus anciennes, comme une Bentley qui avait ­couru au Mans en 1938 ! La course est aujourd’hui parrainée par le roi, qui, comme son père, est un amateur de belles cylindrées : la famille royale possède en effet une magnifique collection comptant plusieurs centaines de véhicules. Hassan II a d’ailleurs été à l’origine de la Menara, la fameuse voiture “100 % marocaine”.



Vingt participations pour certains


Côté organisation, des équipes techniques suivront le convoi et un service d’ordre, ainsi que des motards de la gendarmerie, baliseront les routes. En bonus : “Le­ ­réseau routier a beaucoup évolué depuis la création du Maroc Classic. De nombreuses voies, qui n’étaient que des pistes, ont été goudronnées, ce qui nous ­permet désormais de passer dans plusieurs nouveaux petits villages”, se ­réjouit Cyril Neveu. Au grand bonheur des habitants et des enfants qui voient défiler sous leurs yeux ces ­bijoux à quatre roues.


Côté participants, les équipages sont des passionnés. Certains en sont même à leur vingtième participation ! Souvent des hommes, mais beaucoup viennent aussi en couple. 2014 aura d’ailleurs compté l’ex-top model Adriana Karembeu dans les effectifs à bord d’une ­Mercedes 190 SL. Enfin, côté nationalités, si les Français, les Belges et les Suisses tiennent la barre, certains participants viennent de très loin, d’Australie l’an dernier, voire… de très près. C’est le cas de Mohamed Touhlali, un jeune passionné franco-marocain, de “tout juste 60 ans” : “J’ai couru mon premier Maroc Classic en tant que copilote d’Hugues Degouy en 2010, sur une ­Mustang de 1966. A l’époque je n’avais pas de voiture ­ancienne, j’aimais juste les sports auto, et grâce à cet ami, je me suis inscrit. Même si, cette année-là, on a terminé dans les profondeurs du classement…”, sourit-il.



2014 : un Casablancais décroche la victoire


Peu importe, car, pour les participants, “on ne vient pas pour gagner”, confirme Alain Raynal, 13 Paris-Dakar à son actif, et qui a écumé nombre de fois les routes du Royaume à bord d’une Shelby Cobra de 1964 avec son copilote Christophe Figaret. “C’est une course de régularité, alors c’est très compliqué”, explique Alain Raynal. “La régularité se joue à quelques centièmes près, appuie Cyril Neveu. Entre deux points, sur des routes souvent ­sinueuses et techniques, les voitures doivent rouler précisément à une allure donnée. Et sur cette distance, nous chronométrons plusieurs secteurs que les participants ignorent.” Il ne s’agit donc pas de vitesse, ce qui confère au rallye, outre son côté dépaysant, un aspect très convivial : “On aime tous la compétition, mais on n’est pas là pour gagner”, poursuit Mohamed Touhlali. Gagne ou pas gagne, ce Casablancais y est revenu les années suivantes avec sa Porsche 911 champagne de 1979 et un nouveau coéquipier dans l’habitacle… pour finalement le remporter en 2014 ! “Je suis fier d’être le premier ­Marocain, pour l’instant le seul, à avoir remporté le Maroc Classic !”, confie-t-il.


Une ambiance conviviale, des voitures d’exception, des paysages époustouflants et aussi de belles rencontres avec les habitants. “Ils se pressent sur les bords des routes pour nous voir passer, et parfois, aux arrivées des étapes, on échange avec eux”, raconte Alain Raynal. “J’ai même déjà fait faire des tours aux enfants à bord de la Porsche”, se souvient Mohamed Touhlali. Car les ­enfants sont aussi au cœur de l’aventure : depuis dix-huit ans, le Maroc Classic accompagne l’association L’Heure joyeuse à travers le dispositif caritatif de la Route du Cœur. “Les partenaires et les concurrents adhèrent à cette chaîne de solidarité qui a permis d’investir plus de 9 millions de dirhams (800 000 euros, ndlr) dans des projets sociaux et éducatifs. Des enfants de différents établissements scolaires viendront à la rencontre des participants tout au long de la course”, explique Cyril Neveu. Une action qui confère à ce rallye une autre touche d’élégance supplémentaire.


MAGAZINE FEVRIER 2018


LA SUITE DE LA SERIE SPORT : AUTO RETRO


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Marie Tissier