Mamadou Daffé, imam de la mosquée du Mirail

 Mamadou Daffé, imam de la mosquée du Mirail

crédit photo : Emmanuel Riondé


Imam de la mosquée du Mirail, à Toulouse, et président de l’Association cultuelle et culturelle islamique en France (ACCIF), il a bouclé cet été le financement de la construction de la grande mosquée du quartier toulousain.


Cette mosquée implantée, au cœur du quartier du Mirail, devrait pouvoir accueillir près de 4 000 fidèles. Un tel lieu était nécessaire à Toulouse ?


Il existe seulement quatre mosquées et une demi-douzaine de lieux de prières pour les 50 000 à 70 000 musulmans qui, selon les estimations, vivent ici. Au Mirail, nous avons commencé, il y a quarante ans, avec l’achat d’un local sous-dalle de 35 m2 pour 35 000 francs de l’époque, soit environ 5 300 euros. Il y a ensuite eu plusieurs endroits successifs. Depuis 2015, et dans l’attente de la fin des travaux que nous espérons au premier trimestre 2018, nous utilisons un espace loué à la municipalité. Mais les fidèles sont régulièrement contraints de prier à l’extérieur des constructions préfabriquées mises à disposition. Et ce malgré le froid, la neige, etc. Nous souhaitions donc avoir plus de places fermées et, au regard du nombre de fidèles présents lors de l’Aid, le chiffre de 4 000 places nous paraît raisonnable.


 


Comment avez-vous recueilli les quatre millions d’euros nécessaires à sa construction ?


Ce financement provient uniquement de particuliers. Aucune association, aucun pays ou Etat n’ont abondé. Nous avons commencé à mettre de l’argent de côté il y a trente ans avec la vente de notre premier local. Et ça s’est accéléré ces derniers mois quand nous nous sommes rapprochés du but. Beaucoup de contributions modestes, parfois même des bijoux et autres, se sont additionnées. Nos comptes sont totalement transparents et ouverts à la consultation.


 


Vous insistez beaucoup sur l’indépendance du financement de cette mosquée…


La loi de 1905 interdit le financement public des lieux de culte. Par ailleurs, mon éducation, c’est l’indépendance. Aucun pays du Golfe ni du Maghreb ne peut revendiquer la paternité de cette mosquée. Je suis très attaché à notre ancrage, non seulement en France mais plus particulièrement ici, à Toulouse. D’ailleurs, cette mosquée ne porte pas un nom arabe, elle s’appelle la mosquée du Mirail-Toulouse. A l’exception du “minimum syndical”, les prêches sont en français et nous avons des fidèles plutôt jeunes. Lesquels sont pour beaucoup nés ici et ne sont pas nécessairement arabophones. C’est important pour eux que cette mosquée existe, qui plus est avec leurs dons. Même si elle sera importante en termes de capacité d’accueil, cette mosquée n’a aucune prétention nationale et encore moins internationale. Ça part d’ici et c’est ici que ça se passe.  


MAGAZINE OCTOBRE 2017

Emmanuel Rionde