« L’homme-orchestre » : Charlie Chaplin ne s’est jamais tu !

 « L’homme-orchestre » : Charlie Chaplin ne s’est jamais tu !

Timothy Brock (C)


La musique est éloquence. C’est ce que nous rappelle la Philharmonie de Paris avec son exposition « L’homme-orchestre » qui se déroule en ce moment, jusqu'au 26 janvier 2020. Un véritable hommage à celui qui n’a jamais été qu’acteur ou réalisateur…


« Nous avons inventé la vitesse et nous tournons en rond ». Charlie Chaplin avait tant de choses à dire, pourtant, même à l’arrivée du cinéma parlant, il a préféré se taire. Mais si on développe plus la vue quand on perd l’ouïe, le Maître du cinéma muet a su faire entendre les images, et décupler les émotions à travers l’harmonie de deux sens en parfaite synergie. De là découle son génie.


L’on oublie trop souvent que la musique a fait partie intégrante de la vie de Chaplin, et a joué un rôle fondamental dans sa sensibilité et son art. La Philharmonie de Paris a bien compté y remédier et a décliné son exposition en trois thématiques principales : « Du music-hall au cinéma », « Un corps qui danse : l’invention de Charlot » et « Chaplin compositeur ». Oui, l’homme derrière Charlot, son personnage culte travaillé sur mesure (avec et sans jeu de mots), a véritablement été un homme-orchestre.


Mélomane et autodidacte, l’ambition première de Chaplin était de devenir un musicien de concert, pratiquant son violon et violoncelle à raison de quatre à six heures par jour, et commence sa carrière dans le music-hall. Considérant pourtant qu’il n’a pas le talent requis, il évolue sur les planches avec une rencontre déterminante de son parcours, pour finir au cinéma. Tout du long, la musique n’a de cesse de l’accompagner, et il la fusionne avec la pantomime dans des comédies à sketch.


C’est probablement de cette ligne directrice que la gestuelle unique de Charlot a su se faire remarquer et se démarquer. Le rythme et la musique font corps avec le jeu de l’acteur. Si le cinéma muet ne sonorise  pas les dialogues, il a toujours été accompagné de mélodies jouées par des musiciens lors des projections. Les cinéastes n’avaient pas leur mot à dire quant au choix des musiques, mais Chaplin, lui, suivait de près l’accompagnement musical. Il structurait même ses intrigues et construisait ses gags sur l’évocation de la musique. Corps dansant à la rythmique parfaite il était.


Ayant appris le violon et le piano à l’oreille, ce n’est finalement pas surprenant que Chaplin ait également été compositeur. A la naissance du cinéma sonore, au lieu de se hâter pour délier les langues, il se rue sur les bandes sonores et compose ses mélodies, allant du jazz à l’orchestre symphonique, depuis « Les lumières de la ville » (1931), jusqu’à « La Comtesse de Honk Kong » (1967). Si la résistance de la star du muet à l’arrivée du cinéma sonore est devenue un enjeu médiatique, elle était pour lui fondamentalement artistique : « Certains me suggéraient de le faire parler. C’était impensable, car le premier mot qu’il prononcerait ferait de lui quelqu’un d’autre ».


« Charlie Chaplin, l’homme-orchestre », se présente comme un bel arpège reliant toute son œuvre,exposant partitions, photos d’époque, affiches, extraits de films, instruments ou encore caméras… Avec à la clé des activités ludiques et un jeu-concours : envoyez une photo déguisée en Charlie Chaplin, peut-être allez-vous perpétuer la légende et paraître plus ressemblant que l’artiste lui-même ?


Plus d’informations sur : www.philharmoniedeparis.fr

Malika El Kettani