Discrimination chez Primark : « Hors de question que les choses se fassent en toute impunité »

 Discrimination chez Primark : « Hors de question que les choses se fassent en toute impunité »

Un rassemblement du collectif Femmes des quartiers populaires 94


 


L'enseigne Primark accusée de discrimination. Hier soir (22 avril), le collectif Femmes des quartiers populaires 94, avait organisé un rassemblement devant un des magasins de la chaîne au centre commercial Créteil soleil. L'enseigne de prêt-à-porter est très fortement suspectée de procéder à des fouilles, en priorité, de femmes voilées. Des agissements inacceptables pour le collectif qui l'a fait savoir à la direction de l'enseigne.


 


Suspicions d'islamophobie


« Nous sommes assez vigilants notamment sur l'après-Charlie, la montée des amalgames et de l'islamophobie » indique Linda Bouifrou, membre du collectif cristollien. Cette vigilance a permis à cette dernière de prendre connaissance de cette affaire Primark suite à un article du site Rue 89 parlant de faits remontant à janvier dernier. Suite à un travail d'enquête, la militante prend contact avec le principal témoin qui lui confirme. Malheureusement aucune plainte n'a été déposée. 


Par contre, quasi dans la même période, au Primark de Villeneuve-la-Garenne, une vendeuse, portant un « bandana », a été mise à pied puis très vite réintégrée suite à une forte mobilisation et un rappel à la loi de l'inspection du travail. « Les filles qui portaient le voile à l'extérieur du magasin [mais qui ne le portaient pas dans le magasin, comme le stipule leur règlement, ndlr]étaient discriminées dans l'enceinte de Primark. Mais pas de plaintes officielles. Ce ne sont donc que des suspicions d'islamophobie… » regrette Linda Bouifrou. Malgré tout, le collectif affirme avoir plusieurs témoignages et contacts prouvant la fouille quasi systématique des femmes voilées à la sortie de Primark Créteil. Fouille vécue, par les personnes concernées, comme une humiliation.


 


Rassemblement


18 heures. Centre commercial Créteil soleil. Ayant accédé au magasin Primark par une porte dérobée, une quarantaine de militants donnaient de la voix en face de l'enseigne. « Levons le voile… » et autres jeux de mots pour haranguer la foule, discuter avec les passants, le tout dans une ambiance « bon enfant ». Au bout d'une demi-heure, le manager du magasin veut bien recevoir les associations mais « dans un coin, là où il n'y a pas beaucoup de monde. 


Réponse cinglante de Salika Amara, présidente de l'association Fils et Filles de la République, membre du collectif : « Ou vous nous recevez, comme tout un chacun, dans un bureau, ou il n'y a pas de discussion possible ». Au forceps, une délégation, constituée de sept personnes (cinq femmes, représentantes d'association, et deux hommes dont le maire adjoint de la mairie de Villeneuve la garenne), obtient donc un rendez-vous dans une salle de réunion.


 


Rencontre tendue


Pour accueillir la délégation, huit personnes dont la DRH de Primark France, la DRH de Prosegur, la société de surveillance et le DRH de Primark Créteil. L'affaire est donc prise au sérieux et les premières minutes sont très tendues. La direction de Primark vante la diversité de l'entreprise à coup de chiffres et de pourcentages de personnes issues de l'immigration employées par l'enseigne. « Leur argument était qu'ils ne pouvaient pas être racistes parce qu'ils avaient embauché


des noirs et des arabes, pour le dire clairement » indique Salika Amara. Concernant les accusations de fouilles de femmes voilées, la direction affirme avoir fait une enquête interne n'ayant pas abouti. Sans plaintes, les faits ne sont pas avérés selon Primark. Toutefois, si la direction a précisé que si le collectif avait des personnes victimes de tels abus, l'enseigne était prête à intervenir et à prendre les sanctions nécessaires…


 


Finalement, le collectif a obtenu ce qu'il était venu chercher : des excuses des DRH de Primark France et de Prosegur. Le tout devant figurer dans un communiqué qui devra être diffusé par voix de presse rapidement, sous peine d'une reprise, plus offensive, de la mobilisation. Le collectif Femmes des quartiers populaires 94 veille, Linda Bouifrou le confirme : « Nous sommes organisées. Hors de question que les choses se fassent en toute impunité(…) Nous faisons les choses de façon réfléchie, pragmatique et sur le long terme ». Primark et tous les autres sont désormais prévenus.


 


F. Duhamel


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