Enseignant agressé par des policiers : le parquet ouvre une enquête

 Enseignant agressé par des policiers : le parquet ouvre une enquête

Le récit de Guillaume Vadot a été partagé des milliers de fois sur Facebook


L’histoire de ce professeur s’est propagée comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux en à peine quelques heures, forçant les autorités à réagir. Le parquet de Bobigny a indiqué jeudi avoir ouvert une enquête confiée à l'inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », après la plainte déposée par un enseignant de la Sorbonne disant avoir été « insulté » et « agressé » par des policiers.


 


« J’ai affaire à des flics politisés »


L'IGPN a été saisie de la plainte déposée notamment pour violences par personnes dépositaires de l'autorité publique et menaces, a précisé le parquet. L'enseignant-chercheur, Guillaume Vadot, affirme avoir été « insulté », « agressé » et avoir reçu gratuitement un coup de taser de policiers la semaine dernière, alors qu'il venait de filmer « l'interpellation d'une femme noire » à en gare de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Après le tollé provoqué sur Facebook où son histoire a été partagée des milliers de fois, l’universitaire a donné une conférence de presse le 26 septembre.


« Au moment de passer les tourniquets, on entend des hurlements. Pas un cri normal, mais un cri de douleur, intense » venant d’une femme d’une cinquantaine d’années « qui hurle que les menottes lui broient les mains », raconte l’enseignant. Au total, il dénombre « une trentaine de policiers équipés, avec un chien d’assaut ». Avec l’attroupement tendu qui s’est créé autour, la scène lui rappelle les épisodes de l'été « après l’assassinat d’Adama, ou les images de la mobilisation aux États-Unis » suite aux bavures policières contre des Afro-Américains. « J’ai affaire à des flics politisés, des flics de l’état d’urgence permanent », comprend-il.


 


« Je te crève là sur place dans dix minutes »


« J’ai sorti mon téléphone pour filmer, en me disant que cela pourrait cadrer les choses, faire baisser le niveau d’impunité », poursuit-il. Mais, il se retrouve rapidement immobilisé contre une porte par des policiers qui, selon lui, ont menacé de le « tuer » et de « le violer ». « Crânes rasés, les yeux brillants, j’ai du mal à croire que la scène qui suit est réelle. “On va te tuer, tu es mort, on va te défoncer, je te crève là sur place dans dix minutes” », raconte Guillaume Vadot encore sous le choc. Il dit avoir reçu des coups notamment à la cheville et à la cuisse, ainsi qu'une décharge de taser au niveau du bras, les policiers lui demandant « si ça piquait ».


Il a précisé qu'avant de le relâcher, un des policiers avait pris soin d'effacer les deux vidéos dans son téléphone. Mais l'universitaire est parvenu à les « récupérer » par la suite. La préfecture de police (PP), qui avait annoncé au lendemain de la conférence de presse avoir saisi l'IGPN, a confirmé qu'un contrôle avait été effectué ce soir-là et que des vérifications étaient en cours.


Rached Cherif

Rached Cherif