La nouvelle vie de Layachi, Chibani du 73 rue du Faubourg Saint-Antoine

 La nouvelle vie de Layachi, Chibani du 73 rue du Faubourg Saint-Antoine

Layachi


 


Bien sûr, Layachi, 65 ans, lunette rondes, un des leaders des Chibanis du 73 rue du Faubourg Saint-Antoine, a le sourire aux lèvres au moment d’entrer dans son nouveau logement, situé dans le 13ème arrondissement de Paris, à quelques centimètres de l’avenue de France… Tout un symbole.


 


Mais, il n’y a pas que ça. Il y a surtout beaucoup d’émotion chez ce retraité algérien. Il en pleurerait presque. Layachi revient de très loin. « Quand je repense au moment où on a reçu la lettre d’expulsion, je revois tous les moments de galère défiler. Je repense à toutes ces nuits où je n’ai pas pu fermer l’œil, de peur de me retrouver à la rue. Je revois les CRS débarquer au petit matin pour nous expulser. J’ai toujours du mal à croire que tout ceci est derrière ».




En juillet 2014, Layachi et les 33 autres Chibanis qui vivent dans un hôtel meublé au 73 rue du Faubourg Saint-Antoine, à deux pas de la place de la Bastille, découvrent que leur propriétaire veut récupérer son bien. Il veut le détruire pour reconstruire un truc clinquant, qui lui rapportera beaucoup plus de blé que les 500 euros mensuels que versent ces vieillards. Certains vivent au 73 depuis plus de 40 ans, où il n’y a ni douche, ni ascenseur et où les cafards se promènent en toute liberté.


 


Sans qu’ils soient mis au courant, la gérante de l’immeuble garde le secret, une procédure d’expulsion est alors lancée. Grâce au Droit au logement (DAL) et à la mobilisation de plusieurs élus et aussi de nombreux anonymes (en grande majorité des femmes), les Chibanis obtiennent un moment de répit mais à la stupéfaction générale, ils sont expulsés début février 2015 manu militari par les CRS. Ils sont relogés rue de Loiret, dans le 13ème, dans un foyer d’hébergement d’urgence où ils attendent patiemment un logement que leur a promis la ville de Paris.


 


Ian Brossat, l’élu PCF au logement, pas que des mots, surtout des actes, fait pression sur les bailleurs sociaux. Il obtient d’eux que d’ici le 30 juin 2015, tous les Chibanis seraient relogés. Quelques-uns donc, comme Layachi, ont déjà obtenu un appartement. Les autres visitent des logements, préparent leur départ. « Avec ce logement, je vais enfin pouvoir faire venir ma femme qui vit en Algérie. On se voit que quelques mois dans l’année. Au 73, je partageais ma chambre avec un locataire. Je ne pouvais donc pas l’héberger. Pour moi, c’est une nouvelle vie qui commence ».


 


Nadir Dendoune


 


 

Nadir Dendoune