Le bureau exécutif du FN peut-il exclure Jean-Marie Le Pen ?

 Le bureau exécutif du FN peut-il exclure Jean-Marie Le Pen ?

Sur fond de stratégie de dédiabolisation de son parti


Jean-Marie Le Pen est convoqué lundi devant le bureau exécutif du Front national, la plus haute instance du parti réunie en instance disciplinaire, qui pourrait aller jusqu'à lui retirer son titre de « président d'honneur », après ses multiples propos polémiques. Certains craignent cependant de blesser l’orgueil de l’ancien parachutiste et de le rendre ainsi plus « venimeux ».


 


Sortie de piste pour Jean-Marie Le Pen


Répétition de sa vision des chambres à gaz, « détail » de l'Histoire, défense du maréchal Pétain et critique en règle de la démocratie comme système politique : Jean-Marie Le Pen a multiplié les provocations début avril, au lendemain de départementales plutôt réussies pour le FN. Une enquête a d'ailleurs été ouverte par le parquet de Paris pour contestation de crime contre l'humanité concernant les premières déclarations.


Sous la pression, le fondateur du parti d’extrême droite a accepté de laisser à sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen la mission de conduire la liste FN en PACA aux régionales de décembre. Dimanche, Marine Le Pen a fait un pas de plus vers la mise à l'écart définitive de son père. « Jean-Marie Le Pen ne doit plus pouvoir s'exprimer au nom du Front national, ses propos sont contraires à la ligne fixée », a tranché la présidente du FN sur le plateau du Grand Rendez-vous Europe 1-Le Monde-iTELE. « Il ne faut pas que ses propos engagent le mouvement ».


 


Une exclusion compliquée et risquée


Tout en estimant « qu'il outrepasse complètement les prérogatives que lui donne son statut personnel », la patronne du FN n'a pas dit concrètement dimanche quelle sanction elle souhaitait voir tomber sur le président d'honneur de son parti. Une exclusion comporterait toutefois des risques sérieux. « Ça ouvrirait les portes de l'enfer », prévient un frontiste. « Il peut être tout aussi venimeux une fois exclu », remarque un autre.


Pour plusieurs cadres du parti, tout dépendra de la manière, conciliante ou provocante, dont Jean-Marie Le Pen se présentera devant ses « juges ». Peut-il se voir retirer sa présidence d'honneur du parti ? Une opération juridiquement compliquée et politiquement trop symbolique qui pourrait réveiller la « bête blessée », craignent certains.


 


La dédiabolisation avant tout


Nicolas Bay, secrétaire général du parti, estime ainsi que les larges condamnations des propos de Jean-Marie Le Pen et son désistement au profit de sa petite-fille pour les régionales de décembre constituent « une mesure d'apaisement » suffisante.


En toile de fond, c'est la stratégie de « dédiabolisation » de Marine Le Pen qui est en jeu, alors qu'un sondage BVA-Orange-iTELE publié samedi la conforte dans sa stratégie : près d'un Français sur trois (32 %) souhaite qu'elle ait davantage d'influence dans la vie politique française – son meilleur score sur cet indicateur -, alors que Jean-Marie Le Pen voit sa « cote d'influence » plonger à 2 %.


Rached Cherif

Rached Cherif