Mustapha Boutadjine : « Je ne travaille que sur les gens qui sont à la marge »

 Mustapha Boutadjine : « Je ne travaille que sur les gens qui sont à la marge »

Mustapha Boutadjine posant à côté de son portrait du journaliste et écrivain algérien Sadek Aïssat


 


« Je suis Frantz Fanonien », voici comment se définit l'artiste Mustapha Boutadjine. Admirateur de l'auteur martiniquais, l'artiste d'origine algérienne partage son sens de la résistance. Il n'est donc pas étonnant de le voir embrasser la cause du soutien de Mumia Abu-Jamal, journaliste et militant noir américain condamné à mort, lors d'un procès mis en question, pour le meurtre d'un officier de police en 1981. 


 


Depuis, la condamnation a été changée en prison à vie et le combat pour le faire sortir de prison reste vivace. Mustapha Bentadji présentera un tableau de Mumia Abu-Jamal, lors d'une soirée soutien, demain (27 novembre).


 


Free Mumia


Vendredi soir, une délégation française, qui s'est rendue aux Etats-Unis pour rendre visite à Mumia Abu-Jamal, présentera un compte-rendu de cette rencontre en marge du vernissage d'un nouveau portrait du militant américain fait par Mustapha Boutadjine : « J'avais fait un premier portrait pour la Mairie de Bobigny. (…) On lui a fait un procès bidon en disant qu'il avait tué un flic. Heureusement, il existe un Comité international, avec notamment le directeur du journal l'Humanité Patrick Le Hyaric, qui a fait partie de la délégation ayant rendu visite à Mumia et qui en dira un mot ».


Pour sa part, l'artiste résiste à sa façon bien particulière, par des portraits faits de collages : « J'ai fait exprès de lui mettre la couleur orange, la couleur de Guantanamo. Pour les collages, je n'utilise que des magazines de la presse bourgeoise que je déchire. Le concept c'est : déchirer le mensonge et le réinterpréter, par des portraits engagés ».


 


Une vie de luttes


« Je ne travaille que sur les gens qui sont à la marge (…) Les noirs, les femmes, les gitans, les homosexuels, les révolutionnaires, les poètes. Je tente de faire connaître les opprimés, les insoumis, les révoltés, tous ceux qu'on stigmatise » explique Mustapha Boutadjine avec passion. Cette même passion qui le fait travailler depuis de nombreuses années sur des sujets tels que des portraits de femmes révolutionnaires algériennes, des portraits de militants noirs, des œuvres sur le coup d'Etat chilien, la Palestine, Cuba…


Quel est l'élément qui a déclenché cette envie de mettre en avant des résistants et de résister lui-même ? Quel a été le déclic ? : « Il n'y a pas eu de déclic, je suis né dans le déclic. Je suis Algérien, c'est dans mes gènes ». L'artiste-résistant est tombé dedans quand il était petit, dans une Algérie qui se remettait à peine de la guerre et qui accueillait des membres des mouvements de libération du monde entier, notamment les Black Panthers dont a fait partie Mumia Abu-Jamal : « J'ai connu personnellement Eldridge Cleaver [Membre des Black Panthers, ndlr] à Alger, je faisais des affiches pour les Black Panthers. A l'époque je faisais des affiches pour tous les mouvements de libération (…) les basques, le FLNC, toute l'Amérique latine… ».


Aujourd'hui, l'artiste boucle la boucle avec ce nouveau portrait de Mumia Abu-Jamal et ce soutien indéfectible pour ce militant, résistant dont la libération est une lutte en cours.


 


F. Duhamel


Vernissage du portrait de Mumia Abu-Jamal à l'Atelier-Galerie Artbribus, 68, rue Brillat-Savarin (Paris 13e).


Vendredi 27 novmebre 2015, à partir de 18h30.


 

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