Redouane Bougheraba : »A Marseille, on a cette culture de la vanne »

 Redouane Bougheraba : »A Marseille, on a cette culture de la vanne »


Après avoir séduit, cet été, les spectateurs au Festival d’Avignon, l’humoriste phocéen part à la conquête du public parisien. Ce roi de l’impro présente son premier spectacle, “Redouane s’éparpille”, au Jamel Comedy Club. Un one-man show ébouriffant sur son parcours atypique, et plus encore…


De quoi parle votre spectacle ?


Le premier est souvent autobiographique, C’est une manière de se présenter au public. J’y raconte ma vie de Marseillais à Paris. D’où le sous-titre Un Marseillais dans la ville en bas, car je suis fan du film Un Indien dans la ville, et comme Mimi-Siku, le héros, je me suis senti perdu en débarquant dans la capitale. Il y a quand même un choc : plus de mer ni de soleil, du stress, un parler différent, toutes ces lignes de métro ! A Marseille, elles ne sont que deux, et elles sont tellement en galère qu’elles se croisent deux fois ! Paris n’est pas facile pour les Marseillais. En général ils ne tiennent pas le coup. J’ai nommé ce spectacle ­Redouane s’éparpille car j’y aborde plein de sujets : le mariage, le cinéma, la vie à l’étranger, Paris, Marseille… Toute ma vie je suis parti dans tous les sens : j’ai été joueur professionnel de ping-pong, j’ai eu une boîte de téléphonie, j’ai vécu à Londres…


 


Comment l’humour s’est-il imposé dans votre vie ?


J’ai toujours fait des blagues. A Marseille, on a cette culture de la vanne. C’est une manière de se défendre, et c’est comme ça qu’on se forme et se forge à l’improvisation. J’ai commencé la scène sur le tard, quand j’ai vu le one-man show(1) de mon grand frère, Ali Bougheraba. Ça a été une révélation ! Je me suis produit dans toutes les salles de Marseille, puis je suis monté à ­Paris. Il y a beaucoup de scènes ouvertes et tu peux jouer deux ou trois fois par soir. Ça permet de tester tes blagues sur différents publics. L’humour, c’est comme le sport : il faut beaucoup d’entraînement et de pratique pour atteindre un certain niveau. Une scène ouverte, c’est comme un gymnase où l’on va muscler son jeu. Il faut travailler son style, chercher un angle original, trouver son clown ! Là, je joue au Jamel Comedy Club, la salle incontournable du stand-up, c’est une vraie fierté, une étape fondamentale dans ma carrière.


 


On vous a récemment vu au cinéma…


Oui, dans le film Patients, de Grand Corps Malade et Mehdi Idir (sorti en salles le 1er mars, ndlr), et je viens de tourner une séquence dans Taxi 5. J’ai envie de faire du cinéma, comme la plupart des humoristes qui sont passés par la scène : Dupontel, Jamel, Gad, Dany Boon… J’aimerais jouer dans des comédies, mais aussi des drames, le fameux syndrome de Coluche dans Tchao Pantin.


 


Comment voyez-vous votre rôle d’humoriste ?


J’essaye de faire passer quelques messages, mais je ne suis pas un donneur de leçons. Je vois plus l’humour comme de “l’entertainment”. Les gens viennent passer un bon moment, oublier leurs problèmes. Si on les aide à se sentir mieux, c’est cool. On est une soupape de décompression, un fusible qui aide à ne pas “péter les plombs”. J’éprouve un réel plaisir à faire rire, ça libère de l’adrénaline, comme un sportif de haut niveau qui marque des buts. Quand tu te prends un bide, tu peux déprimer, mais l’envie de remonter sur scène revient toujours. Et même si le texte est le même, c’est nouveau à chaque fois, car le public est toujours différent. Donc il n’y a pas de routine ! 


MAGAZINE OCTOBRE 2017

La rédaction du Courrier de l'Atlas