Il y a trente ans, Brahim Bouarram était tué par des militants d’extrême droite

Plaque en mémoire de Brahim Bouarram, tué noyé par des militants du FN, le 1er mai 1995, posée aux abords du Pont du Carrousel.
Trente ans jour pour jour après le meurtre de Brahim Bouarram, des associations de défense des droits humains et antiracistes appellent à un rassemblement ce jeudi 1er mai, de 10h à 12h, au Pont du Carrousel à Paris, lieu même du drame. Ce rendez-vous sera l’occasion de commémorer une mémoire douloureuse, mais aussi de réaffirmer une mobilisation urgente contre la montée de l’extrême droite.
Le 1er mai 1995, Brahim Bouarram, un homme de 29 ans d’origine marocaine, est jeté dans la Seine par des militants d’extrême droite issus du cortège du Front national. Il ne savait pas nager. Quelques semaines plus tôt, le 21 février, Ibrahim Ali, 17 ans, était tué à Marseille par des colleurs d’affiches du même parti. Trente ans plus tard, ces crimes racistes restent dans les mémoires comme des symboles d’une haine qui, selon les organisateurs, « n’a pas disparu, bien au contraire ».
« Les idées qui ont tué Brahim et Ibrahim sont toujours là, elles se sont même banalisées », dénoncent dans un communiqué commun la Ligue des droits de l’Homme (LDH), le MRAP, l’Association des Marocains en France (AMF), l’Assemblée des quartiers et plusieurs collectifs militants. « Elles se sont infiltrées dans les institutions, les discours politiques, les médias, jusque dans certaines politiques publiques. »
Les associations pointent du doigt une dérive globale, au-delà du contexte français : « L’arrivée au pouvoir de figures comme Donald Trump, la complaisance vis-à-vis de symboles de haine, participent à une désinhibition du discours raciste à l’échelle mondiale », affirme le communiqué. « Le racisme structurel s’est installé, hiérarchisant les vies et légitimant les discriminations. »
Les médias, complices d’une diffusion des idées xénophobes
Les signataires s’alarment également du rôle des médias dans cette banalisation. « Certains grands groupes, en particulier ceux détenus par Vincent Bolloré, relaient et normalisent les thèses d’extrême droite », accuse la LDH. Un constat qui alimente la volonté des organisations d’agir au-delà de la commémoration : « Il ne suffit pas d’honorer la mémoire, il faut lutter contre ce qui rend ces crimes possibles encore aujourd’hui. »
Un appel à un « sursaut citoyen »
Pour les collectifs, il est impératif de faire barrage à une idéologie raciste qu’ils jugent désormais ancrée et même tolérée : « Nous appelons à un sursaut citoyen pour rejeter sans équivoque les idéologies de haine et construire une société véritablement égalitaire et fraternelle. »
Le rassemblement de ce 1er mai au Pont du Carrousel, prévu de 10h à 12h, s’inscrit donc à la fois dans une démarche de mémoire et de lutte politique. « L’histoire et l’urgence du présent nous imposent d’agir avec détermination », concluent les signataires.