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France- Université d’ été du Medef 2.0 « Oui, les révolutions arabes sont bonnes pour le business »
Le patronat français a tissé sa toile sur le campus d'HEC pour ses universités d'été, du 30 août au 2 septembre. Le thème retenu cette année était « Villages et planète, objectif B20 ». Entrepreneurs, chercheurs, hommes politiques sont venus réfléchir à ce monde en mutation dans lequel ils évoluent. Twitter, webtv, sms,... toutes les techniques modernes ont été utilisées pour rendre les débats les plus interactifs possibles. Les questions, même les plus politiquement incorrectes, pouvaient être envoyées par sms ou via twitter à travers un hashtag ( un mot clé, précédé d'un # qui permet de suivre un fil de discussion). Ainsi, en tapant sur twitter #Uemedef11, les internautes peuvent suivre, en temps réel, les débats en cours. De manière plus spécifique, chaque conférence a son « hashtag » pour poser ses questions en direct et les voir s'afficher sur grand écran devant un parterre de participants attentifs. #medef1 est liée au débat intitulé les recompositions géopolitiques. D'entrée de jeu, le politologue Gilles Kepel énonce que l'ère post 11 septembre est totalement révolue. « Les révolutions arabes ont refermé la page Ben Laden » et de s'interroger sur la capacité du monde arabe à produire de nouvelles valeurs et à se développer économiquement, seul rempart contre la montée des islamistes. Le cadre est ainsi posé, les questions commencent très rapidement à s'afficher et ne cesseront plus: Les révolutions arabes sont-elles bonnes pour le business? Vous parlez beaucoup de l'impact de la jeunesse dans les changements géopolitiques, réalité ou démagogie? Le régime algérien peut-il résister aux révolutions qui le cernent? Est-ce qu'on ne se tire pas une balle dans le pied avec les transferts de technologie pour décrocher des marchés? La France fera-t-elle payer aux Libyens la facture de sa liberté ? AQMI a profité du soulèvement en Libye pour se fournir largement en armes lourdes. Quelles conséquences pour la région? Le ton est donné: haro sur la langue de bois! Et Gérard Longuet, ministre de la Défense, venu en « guest star » en fait les frais. La politique extérieure de la France, qualifiée par certains de « politique du deux poids, deux mesures » est pointée du doigt, notamment à propos de l'intervention en Libye. Les participants s'interrogent sur les motivations profondes qui sembleraient plus économiques qu'humanitaires. Le ministre s'est défendu en rappelant que « la France construit ses interventions extérieures dans le cadre de son mandat aux nations unies. Elle ne décide pas seule de sa politique internationale». Sur la question de la Syrie et de la « non ingérence » de la France, M. Longuet soutient l'idée « qu'à l'ONU, il n'y a pas de désir de sanction et qu'à l'intérieur même du pays, il n'y a pas d'appel à l'intervention extérieure », et d'ajouter que, « la Realpolitik est morte. » Cette dernière phrase a suscité de nombreuses réactions. Pour l'avocat de l'association Sherpa (qui se bat contre les biens mal acquis), William Bourdon, « la Realpolitik endosse de nouveaux habits. Mais désormais, les États devront compter avec la pression de l'opinion publique qui tentera de réduire le gouffre entre l'opacité de certains dirigeants et ce qu'elle considère être juste ».Idem pour Pascal Boniface, le géopolitologue ou Pierre Moscovici, le député PS, pour qui « les limites des politiques cyniques ont été atteintes ». A la question : « les révolutions arabes sont-elles bonnes pour le business? », tous les industriels présents répondent par l'affirmative. Michel de Rosen, DG d'Eutelsat rappelle que « les satellites et la 3G ont été un vecteur essentiel dans les révoltes arabes parce qu'ils ont permis la mobilisation des opinions locales, nationales et internationales. La région est très diverse et offre encore de nombreuses opportunités. Alors que dans les Émirats Arabes Unies, 76% de la population a accès à internet, en Tunisie, ce chiffre n'atteint que 34%, en Syrie, 18% en Libye 5% et en Irak 1%. La demande est énorme. L'offre, notamment celle que nous proposons via CanalSat, le satellite le plus puissant de sa génération, est de plus en plus développée ». Pour Jean-Paul Herterman, PDG de Safran, l'équipementier aéronautique, « ces révolutions sont bonnes pour le business parce qu'elles sont à la fois porteuses de risques mais aussi et surtout d'opportunités nouvelles. » Cette rencontre a été riche en témoignages et en enseignements, nés de la jonction entre les expériences du monde de l'entreprise, l'expertise des chercheurs et l'analyse des hommes politiques. Quels dommages que ce dialogue ne puissent se fasse pas plus souvent! Nadia Lamarkbi
Nadia Lamarkbi