La chronique du Tocard. Les ex sont des mariées comme les autres

 La chronique du Tocard. Les ex sont des mariées comme les autres

…Elle avait trouvé que malgré tous mes défauts qui étaient supérieurs à la moyenne masculine, j’avais comme première qualité la sensibilité à l’état brut, qui était pour elle, le truc essentiel pour être heureux à deux…. ND


 


J'avais appris l'heureuse nouvelle de sa part, elle me l'avait dit avec une hésitation qu'on pouvait comprendre, vu notre histoire commune qui n'avait pas été de tout repos, un tsunami amoureux ; mais elle ne savait pas encore que pour moi, c'était un immense bonheur que de la savoir heureuse. Elle avait tâté le terrain, message par message, se demandant comment je prendrais la chose. Mon ex se mariait.


 


Celle que j'avais tant aimée aimait un autre et elle avait décidé de lui donner tout son amour. Pour moi, c'était une merveilleuse nouvelle. Pourtant, on s'était quitté assez mal, très mal même. Comme beaucoup de gens qui s’aiment, les adieux entre nous avaient été douloureux, une cicatrice profonde et ni elle, ni moi, n’aurait parié un dinar sur la tournure apaisée que prendrait notre relation.


Mes amis, la bienveillance incarnée, qui étaient également les siens, avaient été mis au courant du mariage bien avant moi, un secret qu'ils avaient préféré mettre à l'intérieur d'un thermos, de peur de me blesser. Quand on s’était séparé, ces mêmes amis s’étaient retrouvés au milieu de nous deux, en plein dans la tempête sentimentale, dans une situation inconfortable, avec cette crainte qui planait au dessus de leur tête de devoir choisir. Ils nous avaient aimé ensemble, est-ce qu’ils allaient être capables de nous aimer séparément ?


Les débuts de la séparation allaient être pour moi très compliqués, un deuxième Everest à gravir. Je souffrais et le cœur avait mal à en crever. Je pensais à elle sans arrêt, au réveil et au sommeil, en mangeant et même en boxant, son visage, son odeur, m’accompagnaient partout …Après l’avoir aimée tendrement, pour l’oublier, j’allais la haïr profondément.


Je l'avais connue fin 2009, elle était apparue toute timide face à moi. Elle était grande de taille, immense de beauté mais aussi d'intelligence. De longues mains, une peau douce, une voix suave… Elle avait hérité d'une conscience de la vie hors-pair qui faisait d'elle un être d'exception.


Comme beaucoup de filles, elle avait tant souffert par le passé des hommes et de leur médiocrité surtout quand il s'agissait de donner sa confiance à l’autre, indispensable pour aimer. Ca l’avait pas empêché de prendre le risque de faire un bout de chemin avec moi.


A l'époque, on avait été plusieurs à être tombé croc de ouf de son charme et c'est moi qu'elle avait choisi au final. Elle avait trouvé que malgré tous mes défauts qui étaient supérieurs à la moyenne masculine, j'avais comme première qualité la sensibilité à l’état brut, qui était pour elle, le truc essentiel pour être heureux à deux. J'avais essayé d'être à la hauteur de son amour mais depuis toujours, j'avais échoué dans l’éducation sentimentale.


Et puis, à cette époque, la vie bégayait à tous les niveaux, j’étais dans une phase descendante, j’allais mal et j’étais attaché à elle pour les mauvaises raisons : l’échec n’était donc qu’une question de temps. Elle m’aimait, je l’avais vu dans ses larmes, même au moment de partir, elle avait juste fini par se lasser de mes hésitations.


Il y a quelques mois, au détour d’une conversation, elle m’avait annoncé que son cœur était comblé, qu’elle avait rencontré l’âme sœur et qu’il lui avait demandé de penser sérieusement à l’avenir. Je l’avais félicitée la seconde d’après. Ca m’avait fait penser à une autre de mes ex, une Australienne qui était venue se marier en France, début 2000.


Elle ne connaissait personne en Hexagone et elle m’avait demandé d’être présent à ses côtés pour ce jour-là. Elle m’avait dit en ce jour si spécial pour elle, « Je veux que tu sois là ». J’avais accepté et je ne l’avais pas regretté.


Le week-end dernier, l’histoire s’était répétée. Et j’imaginais mon ex, arriver au bras de son père à la mairie, habillée de blanc, resplendissante comme à son habitude, et elle avait dit oui à ce garçon. En toute honnêteté, je crois que ça m’aurait pas déplu d’assister encore une fois à cette fête. 


J’étais tellement heureux pour elle et pour moi aussi, parce que ça faisait du bien, après tant de déchirures, de ressentir ce sentiment de paix à l'intérieur. J'étais surtout surpris de moi même. Je pensais pas, tordu comme j'étais, d'être capable de comprendre l'essentiel. Il fallait être capable quand on aimait véritablement quelqu'un de la laisser partir vers son bonheur. 


Tous les deux, on était désormais à l'aube d'un nouveau chapitre de notre vie. Pour le meilleur et pour le pire …


 


Nadir Dendoune


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Nadir Dendoune