Gilets jaunes/mobilisation lycéenne : le flash-ball, objet du délit ?

 Gilets jaunes/mobilisation lycéenne : le flash-ball, objet du délit ?

8 décembre 2018


On ne compte plus le nombre de blessés graves à cause d’un tir de flash-ball. Pourtant, les forces de l’ordre continuent de recourir à cette arme non létale.


Un homme éborgné par un tir de flash-ball à Bordeaux, un adolescent victime d'un tir de flash-ball à l’arrière du crâne à Marseille et bien sûr la photo, devenue virale, de ce manifestant qui a reçu un tir de flash-ball au niveau du ventre, debout, les bras levés face aux CRS sur les Champs-Elysées. La liste des blessées lors de la mobilisation des gilets jaunes et des manifestations lycéennes est longue et présente un point commun évident : cette arme, le flash-ball ou « lanceur de balles de défense » (LBD) ou encore « gomme-cogne », utilisée par les forces de l’ordre alors qu’elle est décriée par nombre de spécialistes.



Violences ou voies de fait



Cette arme est dite de force intermédiaire, c’est-à-dire qu’elle est non létale. Selon le code de la sécurité intérieure, elle ne peut être utilisée qu’« en cas d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée ». Et dans un contexte bien particulier : « en cas de violences ou voies de fait commises à l’encontre des forces de l’ordre ou si les forces de l’ordre ne peuvent défendre autrement le terrain qu’elles occupent ».



Rapport du Défenseur des droits



Les forces de l’ordre sont censées viser le torse, jamais la tête. Or certains modèles de flash-ball manque justement de précision. Il n’est pas le premier et risque de ne pas être non plus le dernier, le Défenseur des droits a attiré l’attention du président de l’Assemblée nationale en lui remettant un rapport tout début 2018. Dans ce texte, Jacques Toubon recommande l’interdiction du flash-ball dans des opérations de maintien de l’ordre en raison des risques liés à la nature même d’une manifestation où les personnes sont groupées et mobiles. « Le point visé ne sera pas nécessairement le point touché et la personne visée pourra ne pas être celle atteinte », écrivait-il il y a presqu’un an.



Les cobayes du maintien de l'ordre



Plus récemment, ce sont 200 personnalités qui ont signé une tribune dans le journal Libération pour dénoncer les ravages du flash-ball dans la répression des manifestations lycéennes. « Les ados ne sont pas des cobayes du maintien de l'ordre (…) Nous demandons au ministre de l'Intérieur de retirer immédiatement, à titre conservatoire, les lanceurs de balles de la dotation » des forces de l'ordre, peut-on lire. Dans ce collectif, on retrouve des figurent de la France Insoumise mais aussi des écrivains, des cinéastes, des sociologues ou encore des historiens. 

 

Chloé Juhel