La France insoumise revendique-t-elle le droit d’être islamophobe ?

 La France insoumise revendique-t-elle le droit d’être islamophobe ?


La France insoumise a été contrainte de récuser dans un communiqué l’idée d’un « droit à l’islamophobie », qu’avait défendue le philosophe Henri Peña-Ruiz, lors de l’université d’été du parti, suscitant une vive polémique.


Lors de l’université d’été de la France insoumise (LFI) fin août, le philosophe Henri Peña-Ruiz a revendiqué un « droit à être islamophobe ». « Le racisme, c’est la mise en cause d’un peuple ou d’un homme ou d’une femme comme tels. Le racisme antimusulman est un délit, la critique de l’Islam, la critique du catholicisme, la critique de l’humanisme athée n’en est pas un, on a le droit d’être athéophobe, comme on a le droit d’être islamophobe, comme on a le droit d’être cathophobe », avait affirmé à Toulouse M. Peña-Ruiz.


Relayée sur Twitter, cette phrase a suscité une avalanche de réactions indignées sur les réseaux sociaux et des réponses plus mitigées au sein du parti où l’on critique surtout le fait d’avoir « sorti la phrase de son contexte ». LFI a toutefois dû publier un communiqué le 30 août reconnaissant que l’utilisation du terme d’islamophobie par M. Peña-Ruiz « fait débat ».


« En effet, si lui entend par là une critique légitime de la religion, ce même terme peut aussi être utilisé pour désigner les actes racistes à l’encontre des personnes de confession musulmane ou qui sont supposées l’être, actes inacceptables que tant de personnes subissent aujourd’hui dans notre pays », écrit le parti dans son communiqué.


« Du fait de sa signification contestée, nous n’utilisons pas le terme +islamophobie+ pour désigner et combattre le racisme envers les personnes musulmanes. Mais nous ne disons pas non plus, ni ne défendons l’idée, que nous avons le droit d’être islamophobes », met au point la France insoumise


« Je ne partage pas la phrase sortie du contexte, “on a le droit d’être islamophobe”, je ne la partage pas du tout », a-t-elle déclaré la députée LFI Clémentine Autain sur France Info le 29 août. « Pour une raison simple, c’est que ce mot islamophobie désigne aujourd’hui le rejet des musulmans dans le langage courant », a ajouté l’élue de Seine-Saint-Denis. Elle rappelle toutefois le droit de critiquer les religions, qui fait partie des « fondamentaux » du parti. Mardi, les élus Insoumis de Saint-Denis ont publié un communiqué proclamant que « combattre l’islamophobie est un devoir ».


Pour certains militants, la question va en réalité au-delà de la simple interprétation du terme islamophobie. Ce « n’est pas juste du fait de l’interv' » de Peña-Ruiz, elle est le résultat de deux ans de sorties islamophobes, notamment de certains élus qui n’en ont jamais raté une pour rabaisser les femmes voilées », a critiqué le journaliste et militant Taha Bouhafs, qui avait été candidat pour les législatives de la FI en 2017 avant de s’éloigner.

Rached Cherif