Hassan Oukhaba : »Les étudiants marocains étaient très solidaires »

 Hassan Oukhaba : »Les étudiants marocains étaient très solidaires »

Archives personnelles Hassan Oukhaba


L’enseignant-chercheur dirige aujourd’hui le département d’enseignement du laboratoire de mathématiques de Besançon rattaché à l’université de Franche-Comté où il est maître de conférences. Il retourne régulièrement au Maroc, notamment pour des conférences


Vous aviez commencé vos études au Maroc. Comment avez-vous atterri à l’université de Grenoble pour les poursuivre ?


Mon père était dans l’armée donc j’ai grandi un peu partout au Maroc. Nous avons vécu à Marrakech où je suis allé au lycée et à la fac. Une fois que j’ai eu ma maîtrise, en 1985, j’ai demandé une bourse et je suis venu en France. J’ai été accepté par de nombreuses universités mais j’étais avec un ami qui connaissait des Marocains installés à Grenoble, alors je me suis dit que ça serait plus simple. Si je n’avais pas été hébergé par des Marocains, j’aurais sans doute passé ma première nuit dans la rue ou à l’hôtel. Les étudiants marocains étaient très solidaires, on se serrait les coudes, on s’entraidait. J’ai beaucoup appris de mon passage là-bas.


 


Vous êtes ensuite passé par Brest avant d’obtenir un poste permanent d’enseignant à Besançon.


Après mon diplôme d’études approfondies (DEA), j’ai débuté une thèse et j’ai eu un poste d’enseignant à Brest pour les thésards de moins de 26 ans, pendant un an et demi. Je suis revenu à Grenoble et j’ai présenté mon doctorat en 1991. Puis j’y ai enseigné un an, à l’université. J’ai ensuite posé ma candidature pour un poste définitif que j’ai obtenu. Dans ma tête je voulais rentrer au Maroc mais entre-temps j’ai rencontré mon épouse qui est Libanaise, et nous avons eu des enfants. J’ai pris mon poste de professeur permanent à Besançon où je suis encore.


 


Quelles sont vos tâches et missions ?


Je suis enseignant chercheur. C’est-à-dire que nous avons 192 heures d’enseignement dans l’année et le reste du temps, nous le consacrons à la recherche. Je suis aussi directeur du département d’enseignement du laboratoire de mathématiques qui compte environ 50 collègues. Il y a cinq équipes à Besançon et je suis responsable de celle qui s’occupe de la théorie des nombres. Il y a un grand problème concernant la sécurité informatique, notamment dans les banques autour du transfert des données face au piratage. La théorie des nombres fournit des algorithmes pour crypter l’information. On a des projets financés par la Région, par les ministères de la recherche, ou par des entreprises, afin, justement, de répondre à ce genre de problématiques.


 


Vous continuez à vous rendre au Maroc ?


Oui bien sûr, j’y étais fin avril pour une conférence à Oujda en l’honneur des premiers professeurs marocains de mathématiques, en présence de nombreux collègues venus du monde entier. J’encadre également des étudiants en master 2 qui veulent faire une thèse. J’ai des liens avec Meknes, Marrakech, Kénitra où je donne régulièrement des conférences. Je vais également en Algérie pour m’occuper d’étudiants. Le plus difficile est de trouver les fonds pour monter des projets, financer les déplacements, les conférences et faire venir des spécialistes pour apporter un plus aux étudiants. 

Jonathan Ardines