Il y a un an, Salah Hamouri était libéré

 Il y a un an, Salah Hamouri était libéré


Un an, jour pour jour. Le 30 septembre 2018, après 13 mois d’emprisonnement dans une prison du Néguev en Israël, Salah Hamouri, avocat franco-palestinien de 34 ans était libéré. 


Le 23 août 2017, trois jours après avoir obtenu son diplôme d’avocat, il était arrêté par l’armée israélienne à son domicile de Jérusalem puis placé arbitrairement « sans procès et sans charge » en détention administrative pour six mois, une durée renouvelable indéfiniment comme le prévoit la loi israélienne. Une peine qui avait été reconduite pour quatre mois. La détention administrative est un régime qui permet à Israël d’arrêter et de maintenir en prison des individus censés représenter un danger pour la sécurité, en l’absence de procès équitable.


« Me voici enfin libéré, après 13 mois de détention, dans une sombre prison de l’occupation. 13 mois sans jamais connaître le motif de ma détention. 13 mois sans savoir quand je retrouverai la liberté », avait alors confié Salah Hamouri à sa sortie de prison, ajoutant : « je connais bien les prisons de l’occupant et son système carcéral, mais cette nouvelle détention m’a confortée dans le fait que l’occupation s’acharne à briser des hommes, des femmes et des enfants. La prison est un moyen d’isoler collectivement les Palestinien·ne·s »


Palestinien par son père, Français par sa mère (Denise Hamouri est originaire de Bourg-en-Bresse), celui qui a grandi à Jérusalem avait déjà été incarcéré 7 ans en Israël, entre 2005 et 2011, accusé à tort d’avoir projeté l’assassinat d’un rabbin. Sur la recommandation de son avocate, il avait plaidé coupable, pour éviter une peine de 14 ans de prison. À l’époque, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères avait estimé que le dossier d’accusation était vide, reconnaissant que « les aveux faits à l’audience n’avaient été corroborés par aucun élément de preuve ».


Selon un communiqué de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine rendu public en avril dernier, 5 450 prisonniers politiques palestiniens, parmi eux 48 femmes, croupissent dans les geôles israéliennes. 540 prisonniers purgent des peines de prison à vie, et 493 des peines de plus de 20 ans de prison.


« Dans ces prisons, tout est fait pour nous enlever notre humanité. Nous sommes coupé·e·s du monde, coupé·e·s de nos proches. L’occupation restreint l’accès à la presse, aux chaînes de télévision afin que nous ne puissions pas nous informer correctement sur ce qui se passe dehors. Nous ne pouvons pas non plus librement étudier ni recevoir des livres ni aucun courrier », avait encore déclaré Salah Hamouri le 30 septembre 2018.


« Nous y sommes coupé·e·s de nos familles, une seule visite par mois nous permet de voir nos parents de premier degré uniquement, pendant 45 minutes, derrière une vitre, par l’intermédiaire de téléphones, nos conversations personnelles étant minutieusement écoutées et analysées, afin d’exercer des pressions sur nous. Certain·e·s détenu·e·s se voient parfois privés de cette visite, arbitrairement. Pour ma part, j’étais privé de ma femme et mon fils pendant ces 13 longs mois, une véritable torture psychologique pour nous trois », dénonçait-il.


Depuis 1967, 850 000 Palestiniens ont été emprisonnés par les autorités israéliennes, 1 000 000 depuis 1948 et 10 000 depuis 2015. Presque toutes les familles palestiniennes ont des membres qui ont subi des peines d’emprisonnement.

Nadir Dendoune