Coronavirus- Dans les quartiers populaires, une minorité de jeunes ne prend pas la menace assez au sérieux.

 Coronavirus- Dans les quartiers populaires, une minorité de jeunes ne prend pas la menace assez au sérieux.


14h30 ce mercredi 18 mars, un camion de police déboule à toute vitesse au 26 rue Charles Schmidt à Saint-Ouen (93400), quartier considéré comme un des hauts lieux du deal de la ville, notamment de cannabis, du fait de sa proximité avec Paris.


Assis sur une chaise, un jeune guetteur se lève, crie avant de détaler. Les fonctionnaires de police pénètrent à l'intérieur de la cité où des "clients", une trentaine d'entre eux attendent leurs doses. Certains ont réussi à prendre la poudre d'escampette. 


"Nous sommes venus cette fois-ci pour faire de la prévention", livre un des agents en ressortant de la cité. Ils sont précédés par une vingtaine de personnes, en majorité des jeunes, sommés de se disperser.


 "L'heure est très grave et partout en France, les gens, dans leur immense majorité respectent les consignes. Nos avons un peu plus de mal avec certains jeunes des cités. Et pas qu'avec les dealers", avoue inquiet l'agent.


 "Ce sont des jeunes donc ils sont plus insouciants. Dans tous les quartiers de la ville, une minorité a tendance à minimiser la menace du Coronavirus", regrette-t-il avant de lâcher excédé : "Ils ne jouent pas qu'avec leur santé mais aussi avec celle des autres. Ils feront moins les malins quand un de leurs proches sera malade". 


"Les policiers ont pris nos noms et nous ont photographiés", témoigne un des interpellés. "Ils nous ont dit qu'il était interdit de se réunir avec autant de monde et que la prochaine fois on sera verbalisés", lâche le quarantenaire. "Je ne peux pas faire autrement. Je suis venu parce que je n'ai pas le choix. Je suis venu chercher ma drogue", dit-il.


Un autre à ses côtés : "De toute façon, nous, on est jeunes, on risque rien avec le Coronavirus" affirme-t-il.


"Je ne vois pas comment on va réussir à les convaincre de rester chez eux. Il faudrait que les familles nous aident sur ce coup. En même temps, ils ont un business à faire tourner", concède un agent de police avant de remonter dans son véhicule.


Le camion de police reparti le guetteur revient. On lui explique gentiment les consignes pour éviter la contagion du Coronavirus.


Compte-t-il rester confiné chez lui ?


"Merci pour les conseils. Et bonne journée", conclut-il en nous invitant poliment à prendre le large. 

Nadir Dendoune