Police dans les lycées : éducation ou répression ?

 Police dans les lycées : éducation ou répression ?

Illustration – AFP


Alors qu’ils réclamaient plus de moyens, les personnels du lycée Maurice Utrillo (93) ont vu arriver un gendarme en tant que proviseur-adjoint.


Présence policière


Le lycée Maurice Utrillo de Stains (93) est le théâtre d’une expérience inattendue. Les personnels demandaient des moyens financiers mais surtout humains. D’une part, pour faire face à l’augmentation d’effectif constatée chaque année, mais également pour pouvoir remplir leur mission liée à l’éducation prioritaire.


Or, la semaine dernière, pour tout renfort, c’est un proviseur-adjoint qui a été nommé. Le problème, pour les personnels du lycée, c’est que ce dernier est un ancien gendarme : « Nous avons en revanche constaté la création, sans la moindre concertation, d'un poste de proviseur-adjoint chargé de la sécurité, et attribué à un chef d'escadron de la gendarmerie en détachement ».


Réponse sécuritaire


L’introduction au sein d’un établissement d’un ancien membre de la gendarmerie est loin d’être anodin. Au moment où la question d’une présence policière dans les établissements scolaires a été évoquée, notamment suite à l’événement du lycée Edouard Branly (Créteil), cette nomination au poste de proviseur-adjoint ressemble à une expérimentation.


C’est pour dénoncer cette expérimentation totalement imposée que les personnels du lycée de Stains ont entamé un grève le 5 novembre et organisent un rassemblement demain (14 novembre) : « l'événement grave et exceptionnel de Créteil n'appelle pas le remplacement de nos missions éducatives par un encadrement sécuritaire ». 


Quelles suites ?


Cette première brèche que constitue l’arrivée d’un gendarme au pose de proviseur-adjoint dans un lycée, fait craindre une extension de la pratique à d’autres établissements de la région parisienne. Si l’incident survenu à Créteil pouvait faire espérer, enfin, une prise de conscience et une sérieuse prise en main du problème par les pouvoirs publics, la réponse est loin d’être satisfaisante pour de nombreux parents d’élèves et enseignants.


« La réponse apportée à toutes ces difficultés c'est encore et encore la répression, la sécurité donc la police » se désespérait le collectif d’associations et de parents, Unis pour la Réussite Scolaire (Unirsco), dans un communiqué, en apprenant la situation du lycée Maurice Utrillo.


Education ou répression ? Les prochaines semaines pourraient être décisives.

Charly Célinain