Discriminations à l’embauche : le gouvernement renonce au « name and shame »

 Discriminations à l’embauche : le gouvernement renonce au « name and shame »


Emmanuel Macron l’avait promis, mais ne semble pas pressé de l’appliquer : le gouvernement n'est pas pressé de dénoncer les entreprises pratiquant la discrimination à l’embauche. La campagne de testing mené à sa demande auprès de grandes entreprises révèle pourtant une discrimination généralisée, notamment des candidats aux noms à consonance maghrébine.


Entre octobre 2018 et janvier 2019, plus de 17 000 candidatures fictives ont été envoyées à une centaine des plus grandes entreprises françaises cotées en bourse, dans le cadre d’une étude commandée par le gouvernement à un panel de chercheurs.


Le résultat est sans appel : les candidats d’origine supposée maghrébine ont 20% de chances en moins de recevoir une réponse lors d’une candidature à une offre d’emploi et 30% de chances en moins d’être recontacté après une candidature spontanée, par rapport à un candidat au nom sonnant bien français.


« Pour l’ensemble des entreprises testées, l’étude met en évidence une discrimination significative et robuste selon le critère de l’origine », résument les auteurs de l’étude. Une discrimination qui peut être encore accentuée en fonction du lieu de résidence du candidat, notamment de la part des entreprises basées à Paris.


 


Le gouvernement frileux à dénoncer les entreprises discriminantes ?



La promesse du candidat Macron – réitérée en novembre 2017 – de « pénaliser les discriminations à l’embauche et (…) rendre publics les noms des entreprises les plus délinquantes » n’a pourtant pas été tenue. Le Président se montrait pourtant fervent partisan du « name and shame », pratique venue d’outre-Atlantique consistant à stigmatiser les entreprises fautives auprès de l’opinion publique.


Alors que l’étude et ses résultats sont en possession du gouvernement depuis huit mois, ce sont les chercheurs qui ont pris l’initiative de les rendre publics ce 8 janvier devant l’inaction des autorités. Selon eux, l’exécutif avait renoncé à communiquer ces conclusions et à appliquer l’engagement présidentiel de publier la liste des entreprises hors-la-loi.


« Une opération de testing a été financée par l’État et on ne nous donne pas les résultats ! Qu’est-ce qui se passe ? La notoriété des entreprises est tellement grande qu’on ne peut pas se permettre de les dénoncer ? s’interroge Samuel Thomas, de la Fédération des maisons des potes au micro de France Inter.


Le ministère du Logement et de la Ville, responsable du dossier, explique de son côté préférer d’abord tenter de dialoguer avec les entreprises pointées du doigt avant de donner leur nom.

Rached Cherif