37 ans après l’Algérie, la France va enfin reconnaître la Palestine

Photo : Thibaud MORITZ / AFP
Il aura fallu attendre près de quarante ans pour que Paris ose enfin franchir le pas. En 1988, Alger avait ouvert la voie, devenant le premier pays au monde à reconnaître officiellement l’État de Palestine. Lundi 22 septembre, à 15 h 30 à New York (21 h 30 à Paris), Emmanuel Macron prononcera ces mots attendus depuis des décennies : « La France reconnaît l’État de Palestine. »
L’annonce traînait dans les cartons depuis avril. On avait parlé de juin, puis tout avait été repoussé, Israël ayant bombardé l’Iran. Mais cette fois, c’est scellé. Le président français a choisi le décor le plus symbolique : la tribune des Nations unies, en plein 80ᵉ anniversaire de l’organisation.
La France n’avance pas seule. Londres, Ottawa, Bruxelles et Canberra se tiennent déjà prêts à suivre. Avec Pékin et Moscou, qui avaient reconnu la Palestine à la fin des années 1980, quatre membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU seront alors alignés. Les États-Unis, eux, camperont sur leur veto, isolés mais toujours armés.
Cette reconnaissance n’a rien à voir avec un vote parlementaire ni une procédure interne à l’ONU. C’est un choix politique assumé, ce qu’on appelle un « domaine réservé » du président. Mais derrière l’acte solitaire, il y a un travail collectif.
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Cet été, du 28 au 30 juillet, Paris et Riyad ont coprésidé une conférence à New York autour de la solution dite « à deux États », vieille promesse des Nations unies datant de 1947. Une centaine de délégations y ont participé. Sans surprise, Israël et les États-Unis, eux, ont préféré bouder.
De ce rendez-vous est née la Déclaration de New York. Un texte qui appelle à un règlement « juste et durable » du conflit israélo-palestinien. Il insiste sur un point : pas de place pour le Hamas dans ce processus, exigeant son désarmement après les attaques sanglantes du 7 octobre 2023.
Ce document, sans valeur de traité, ressemble davantage à une feuille de route, une profession de foi collective. Dix-sept pays l’ont signé dès le départ. Le 12 septembre, 142 États l’ont adopté à l’Assemblée générale de l’ONU. Dix ont voté contre, douze se sont abstenus.
Le Quai d’Orsay a salué un « soutien inédit » à des principes essentiels : cessez-le-feu immédiat à Gaza, libération des otages, et mise en place d’un État palestinien viable.
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Côté israélien, le ministre des Affaires étrangères Oren Marmorstein a ironisé sur un « cirque politique » déconnecté de la réalité. Pour lui, ce texte « encourage le Hamas à continuer la guerre ».
Le 22 septembre sera donc le point d’orgue de cette séquence diplomatique. Devant l’Assemblée générale de l’ONU, Emmanuel Macron officialisera la reconnaissance de la Palestine. À ce jour, 148 pays sur 193 l’ont déjà fait.
Mais il ne faut pas s’y tromper : cette reconnaissance, aussi historique soit-elle, ne mettra pas fin au génocide en cours à Gaza. Elle n’arrêtera ni les bombes, ni la souffrance, ni l’injustice quotidienne vécue par le peuple palestinien. Elle n’est qu’un geste symbolique, lourd de retard, face à une tragédie qui continue de s’écrire dans le sang.
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