Un livre hommage aux victimes des violences policières

 Un livre hommage aux victimes des violences policières

« 100 portraits contre l’Etat policier »


« 100 portraits contre l’Etat policier » vient de paraître aux éditions Syllepse. Il s’agit d’un ouvrage qui tente d’incarner la sordide histoire des violences policières en France depuis 70 ans.



On découvre une centaine de visages dessinés en noir et blanc, au fil des pages de cet ouvrage. Des sourires souvent, des expressions pour redonner un peu d’humanité, mais surtout des traits trop rarement familiers. « 100 portraits contre l’Etat policier » est bien sûr un livre militant, édité chez Syllepse, mais avait tout un recueil chargé d’histoires lourdes qui concernent tous les citoyens français. « Une infime tentative de dire que vos enfants, parents, frères et sœurs ne seront jamais des listes, ne seront jamais des chiffres », peut-on lire dans la préface de l’ouvrage, « ce que nous attendons de ces portraits ? Sans doute qu’ils interpellent ».



Signatures de militants



Ce livre n'a pas un auteur, mais plusieurs. Il est signé du nom du collectif "Cases Rebelles". Mais le lecteur comprend aisément que c’est une volonté de ne pas faire plus d’ombre encore aux victimes de ces crimes policiers. Il y a également ces signatures de militants que l’on devine entre les lignes et ces paroles de proches, plus évidentes, comme Ramata Dieng, la sœur de Lamine Dieng, tué dans un fourgon de police dans le 20e arrondissement de Paris, en 2007.




10 morts par an



C’est justement lors d’une marche en la mémoire de Lamine que l’idée de cet ouvrage a émergé, l’année dernière. L’expression « Etat policier » a été choisie pour apparaître, jusque dans le titre, parce qu’elle est « une réalité concrète pour celles et ceux dont les forces de l’ordre ont tué les proches ». Pourquoi ce chiffre ? Ces 100 portraits retracent 70 ans d’histoire de France. Ce nombre est bien éloigné de la réalité des violences policières puisque les auteurs de l’ouvrage évoque « en moyenne 10 morts par an ».



Résonnance particulière



Au fil des pages, les noms se succèdent. Le premier à apparaître est celui de Joseph Chaléat, décédé à Valence le 4 décembre1947. Il était gréviste, métallurgiste chez Renault. Plus loin, des noms ont une résonnance particulière : Malik Oussékine, tué à Paris, le 6 décembre 1986 ; Thomas Claudio, mort à Vaulx-en-Velin le 6 octobre 1990 ; Abdelkader Bouziane, abattu d’une balle dans la nuque à Fontainebleau, le 17 décembre 1997 ; ou encore, plus récemment, Abou Bakari Tandia, sans-papier malien, décédé à Courbevoie le 24 janvier 2005 ; Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois ; Lakhamy Samoura et Moushin Sehhouli à Viliers-le-Bel… pour finir avec le nom de Adama Traoré.


Chloé Juhel


« 100 portraits contre l’Etat policier », paru aux éditions Syllepse

Chloé Juhel