Tunisie. Meloni et Saïed affichent une entente cordiale malgré quelques remous

La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, a effectué le 31 juillet une visite de travail en Tunisie, reçue au Palais présidentiel par le président de la République, Kais Saïed. Une cinquième visite officielle depuis qu’elle est en poste, qui consolide son statut d’alliée privilégiée de Carthage, en dépit de la délicate gestion du volet migratoire entre les deux pays.
Selon un communiqué de la présidence de la République, les deux parties ont discuté de la nécessité de conjuguer les efforts des différentes parties concernées en vue d’organiser des ponts aériens destinés à faciliter le retour volontaire des migrants irréguliers se trouvant sur le territoire tunisien.
Ils ont également débattu des moyens permettant de démanteler les réseaux criminels impliqués dans la traite des personnes et le trafic d’organes. Lors de cette réunion, le chef de l’Etat a indiqué que « la Tunisie a subi un lourd fardeau en raison du dossier migratoire, soulignant que cette situation ne peut nullement perdurer ». Une formulation qui tend visiblement à ménager son alliée dont les doléances à l’égard du pouvoir tunisien demeurent élevées, d’après la presse italienne.
Si le président Saïed a rappelé à cet égard d’après le communiqué de Carthage la ferme position de la Tunisie sur cette question selon la laquelle le pays refuse catégoriquement de servir d’un point de transit ou d’un lieu d’installation des migrants irréguliers, le compte rendu de la visite, côté officiel italien, ne fait guère mention de ce point qui est du reste ambigu dans la mesure où il n’est pas nécessairement contre les requêtes de l’Italie de Meloni mais relatif aux flux migratoires dans l’absolu.
« La Tunisie a réservé un traitement décent et humain aux migrants en situation irrégulière notamment lors des opérations de démantèlement de plusieurs camps », a renchérit Saïed : « Aucun pays ne peut accepter la présence de personnes hors la loi sur son sol, d’autant plus que ces migrants irréguliers sont les victimes d’un système international injuste dont la Tunisie subit également les dérives », a-t-il également fait savoir.
Critiques de l’opposition
Sur un autre plan, cite encore la même source, les deux parties ont eu l’occasion de débattre de leur engagement de booster la coopération bilatérale dans les transports, la santé, l’agriculture et l’énergie.
Commentant cet aspect officiellement central de la visite, l’opposant Hichem Ajbouni affirme, incrédule : « En se basant sur le communiqué du gouvernement italien, la réunion, qui a été très brève et tenue en urgence, a essentiellement porté sur les points suivants : l’utilisation des eaux usées traitées pour la réhabilitation des terres agricoles. La création d’un centre de formation agricole. La valorisation de l’excellente coopération dans le dossier migratoire. La coopération dans le domaine de l’énergie verte. Autrement dit, imaginez Meloni se rendant en Tunisie lors d’une visite urgente, très brève et non annoncée à l’avance, sans délégation ministérielle technique (pas de ministre de l’Agriculture, ni des Affaires étrangères, ni de l’Industrie ou de l’Énergie), simplement pour discuter avec Kaïs Saïed du traitement des eaux usées, de la formation agricole et de la coopération en matière d’énergie verte, avant de repartir directement ! ».
Car la dissonance est notable entre les focus de part et d’autre de la méditerranée : si depuis le début de l’année, la route migratoire Tunisie – Italie connaît un effondrement sans précédent d’environ 80%, un chiffre mis en avant par le gouvernement Meloni très critiqué sur le autres voies d’arrivées de migrants y compris réguliers (500 mille nouveaux travailleurs), l’actuel pouvoir tunisien ne souhaite pas d’emphase sur ce point de sorte de ne pas prêter le flanc à ses détracteurs nationaux l’accusant d’assurer avec zèle une surveillance accrue des côtes du pays, sans contrepartie substantielle.
Reste néanmoins un point de satisfécit pour les pro Saïed, la très atlantiste Giorgia Meloni s’est vue signifier « le droit légitime, nullement inaliénable ni prescriptible avec le temps pour le peuple palestinien de disposer un État indépendant et souverain sur l’ensemble de son territoire avec pour capitale la ville sainte de Jérusalem ».
