Tunis appelle à un allègement de la dette des pays en voie de développement

 Tunis appelle à un allègement de la dette des pays en voie de développement

Mohamed Ali Nafti

La Tunisie a profité du dernier sommet ministériel du G20, tenu à New York en marge de la 80e Assemblée générale des Nations unies, pour réaffirmer une revendication portée depuis plusieurs années par de nombreux pays du Sud : la nécessité d’alléger le fardeau de la dette des économies en développement.

Intervenant au soir du 25 septembre devant ses homologues, le ministre tunisien des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti, a insisté sur l’urgence de mettre en place des mécanismes « plus justes » de restructuration des dettes. Selon lui, permettre aux pays surendettés de dégager des marges financières constitue une condition indispensable pour réorienter les ressources vers des priorités vitales telles que l’investissement productif, la lutte contre la pauvreté ou la transition énergétique.

Le chef de la diplomatie tunisienne a rappelé que « le développement et la stabilité internationaux ne peuvent être atteints que dans le respect du droit international et de la Charte des Nations unies ». Il a souligné que ce plaidoyer intervient dans un contexte mondial « critique », marqué par la superposition de crises économiques, sociales, climatiques et sécuritaires. Ces défis combinés, a-t-il noté, rendent particulièrement ardu l’atteinte d’objectifs de développement équilibrés et accentuent la vulnérabilité des pays du Sud.

 

Le porte-voix présidentiel de la vision du monde

Souvent qualifié d’abstrait par ses détracteurs et l’opposition tunisienne, le discours altermondialiste du président Kais Saïed se contente souvent d’évoquer des modèles alternatifs de développement. Souhaitant visiblement conceptualiser cette requête en des termes plus tangibles, Nafti a pointé les inégalités persistantes dans l’accès aux financements, aux technologies et aux ressources naturelles.

L’absence d’une solidarité internationale effective, doublée de la prévalence d’intérêts géopolitiques étroits, contribue selon lui à aggraver les écarts de développement et à retarder la réalisation de l’Agenda 2030 des Nations unies. Le ministre a également appelé à une réforme profonde des institutions de gouvernance mondiale, y compris celles du système financier international, afin d’assurer une représentation plus équitable et un fonctionnement plus inclusif. Dans ce cadre, il a réaffirmé l’attachement de Tunis au multilatéralisme onusien.

La Tunisie, a-t-il rappelé, a rejoint en 2024 le « Partenariat mondial contre la faim et la pauvreté », une initiative qui témoigne de sa conviction que la réduction des inégalités et le soutien aux causes justes à l’échelle internationale sont indissociables de la paix et de la sécurité mondiales.

Mohamed Ali Nafti a enfin insisté sur la nécessité pour les grandes puissances de tenir leurs engagements en matière de financement climatique et de transfert de technologies propres. Pour Tunis, la lutte contre le changement climatique ne peut être dissociée des enjeux de dette et de développement, puisqu’elle conditionne directement la capacité des pays vulnérables à bâtir des économies durables et résilientes.

À travers ce plaidoyer, la Tunisie rejoint la voix d’autres nations émergentes qui réclament un rééquilibrage des rapports économiques mondiaux. Si ses marges de manœuvre restent limitées, la diplomatie tunisienne cherche ainsi à s’affirmer sur la scène multilatérale comme porteuse d’un discours de justice sociale et de solidarité internationale.

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