« Darhome » de Salma El Belghiti, une voix marocaine couronnée au cœur du Sahara

Salma El Belghiti, issue de la nouvelle génération du cinéma marocain, se distingue par une approche sensible et engagée
Le court-métrage documentaire « Darhome » de la réalisatrice marocaine Salma El Belghiti a remporté la Rose des Sables d’or dans la catégorie documentaire lors de la 2ᵉ édition du Festival international du cinéma au Sahara.
Le palmarès a été dévoilé samedi soir à Ksar Ghilane, oasis mythique nichée au sud de la Tunisie, au terme d’une édition marquée par une belle diversité cinématographique et par l’esprit d’échange qui anime ce jeune festival.
Créé pour valoriser le Sahara comme espace culturel, touristique et cinématographique, le festival s’impose peu à peu comme un rendez-vous singulier du 7ᵉ art. En conjuguant création, nature et inclusion, il ambitionne de rapprocher le cinéma des régions marginalisées et de soutenir la décentralisation culturelle. Du 29 octobre au 1ᵉʳ novembre, les dunes de Ksar Ghilane ont ainsi vibré au rythme des projections, ateliers et rencontres entre cinéastes venus du monde arabe, d’Afrique et d’ailleurs.
« Darhome », un film entre réalité et résilience
D’une durée de 16 minutes, « Darhome » s’ancre dans les quartiers défavorisés de Tanger pour donner la parole à la jeunesse. Le film suit un groupe de jeunes réunis autour d’un projet artistique singulier : lire un scénario inspiré de leurs propres vies et interpréter leurs expériences, leurs rêves et leurs colères devant la caméra.
Ce dispositif original, à la croisée du documentaire et du théâtre, agit comme une forme de thérapie collective, où l’art devient un outil de libération. Par une mise en scène sobre mais profondément humaine, Salma El Belghiti transforme le réel en espace d’espoir et de reconstruction.
Une réalisatrice qui filme l’humain avant tout
Salma El Belghiti, issue de la nouvelle génération du cinéma marocain, se distingue par une approche sensible et engagée. À travers « Darhome », elle explore les fractures sociales, tout en mettant en lumière la dignité et la créativité de ceux que la société relègue souvent au silence. Sa démarche repose sur une conviction forte : le cinéma peut être un miroir, mais aussi un refuge, un lieu où la parole se réinvente. Cette reconnaissance au Sahara confirme la pertinence de sa vision et la portée universelle de son œuvre.
Un palmarès aux couleurs du monde arabe
Aux côtés de « Darhome », le jury a récompensé le film tunisien « En attendant Mohamed Ali », coréalisé par Abdelhamid Bessi et Myriam Ben Salah, qui a remporté la Rose des Sables d’argent dans la même catégorie documentaire. Dans la section fiction, le Grand Prix est revenu au film iranien « Alone Together » d’Omid Marzari, suivi de « Trawida » du réalisateur jordanien Mouni Abou Samra (Rose des Sables d’argent) et de « De… à… » de la Libanaise Yara Chreyan (Rose des Sables de bronze).
Le Sahara, scène d’un cinéma sans frontières
En deux éditions seulement, le Festival international du cinéma au Sahara s’impose comme un espace de dialogue interculturel. En mettant à l’honneur des films venus d’horizons divers, il fait du désert un pont entre le Maghreb, le Machrek et le reste du monde.
Sous le ciel immense de Ksar Ghilane, le cinéma s’y fait souffle, résistance et poésie — à l’image de « Darhome », ce film qui rappelle, avec justesse et émotion, que l’art peut redonner un foyer et de la voix à tous.
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