Tunisie. Primés en Suède, les secteurs de la santé et de l’éducation publique restent en crise

 Tunisie. Primés en Suède, les secteurs de la santé et de l’éducation publique restent en crise

La Tunisie s’est distinguée à Stockholm en décrochant deux prestigieuses récompenses lors de la première édition des African Impact Awards 2025, comme l’a annoncé l’ambassade de Tunisie en Suède. Mais les deux secteurs vitaux demeurent pourtant en crise sur le plan national où ils font respectivement l’objet aujourd’hui d’importantes grèves sectorielles.

Le pays a ainsi été classé premier en Afrique dans le domaine de la santé publique et a également été élu « meilleur pays africain pour l’autonomisation éducative et la promotion de l’alphabétisation ». Si ces distinctions saluent les avancées majeures réalisées par la Tunisie en 2025, elles consacrent aussi un long héritage d’un engagement en faveur de l’éducation depuis l’indépendance, marqué par un système gratuit, obligatoire et inclusif devenu une référence continentale.

Présente à la cérémonie, l’ambassade a exprimé sa fierté face à cette reconnaissance, qui met en valeur les progrès accomplis par la Tunisie et, plus largement, « par plusieurs nations africaines ».

 

Le ministre de la Santé sur la défensive au Parlement

L’actuel ministre de la Santé, Mustapfa Ferjani, haut officier militaire, est paradoxalement l’un des ministres de tutelle les plus appréciés par son secteur, étant reconnu comme brillant médecin de formation, en dépit de la grève nationale des jeunes médecins hier 19 novembre, la deuxième à quelques mois d’intervalle. Une grève qui a touché toutes les facultés de médecine et établissements de santé, et affecté le fonctionnement des services d’urgence et des gardes dans certains services.

Venu défendre le budget de son département, l’un des plus conséquents du budget de l’Etat 2026, Ferjani a affirmé mercredi en plénière conjointe entre l’Assemblée des représentants du peuple et le Conseil national des régions et des districts, que son département a « répondu à une large partie des revendications des jeunes médecins » et poursuit l’examen des autres demandes dans une approche globale tenant compte des finances publiques.

Il a expliqué que le ministère « a respecté ses engagements » et qu’un accord de principe a été conclu pour une revalorisation salariale dès 2026, dans le cadre de négociations menées avec les ministères des Finances et des Affaires sociales. Ferjani a insisté sur le fait que le gouvernement traite ce dossier « dans une logique de partenariat, loin des promesses creuses », réaffirmant que l’État refuse toute forme de chantage ou de perturbation du service public.

Le ministre a souligné que les portes du ministère « restent ouvertes au dialogue », ajoutant que la santé du citoyen demeure une ligne rouge. Il a rappelé que la réforme du système de santé passe nécessairement par la complémentarité entre l’État, les jeunes médecins et l’ensemble des professionnels de la santé.

Selon lui, les jeunes médecins constituent « une force essentielle » dans les hôpitaux et jouent un rôle central dans le fonctionnement quotidien des établissements publics. Ferjani a notamment évoqué la mise en œuvre prochaine de l’activité complémentaire l’après-midi, qui sera, selon lui, appliquée dans une approche intégrée englobant tous les intervenants du secteur : médecins, infirmiers, techniciens, pharmaciens, agents administratifs et personnel d’appui.

Ce dispositif vise à améliorer la coordination interne et à renforcer la qualité des prestations au profit des patients. Lors du débat budgétaire, plusieurs députés ont vivement défendu les revendications des jeunes médecins, les qualifiant de légitimes et urgentes.

Ils ont reproché au ministère ses retards dans l’application des accords conclus, estimant que cette situation a miné la confiance au sein des structures de santé et contribué à accentuer les tensions dans les services hospitaliers.

Plus tôt dans la journée, des centaines de jeunes médecins ont organisé un sit-in devant le siège du Parlement au Bardo pour protester contre le non-respect des engagements gouvernementaux et réclamer de meilleures conditions de travail dans les hôpitaux.

 

Grève de l’enseignement de base

La commission administrative sectorielle de l’enseignement de base, réunie le 17 novembre, avait à son tour décidé d’organiser une grève sectorielle le 26 janvier 2026, afin de répondre à un certain nombre de revendications professionnelles, a fait savoir mercredi le secrétaire général adjoint de la Fédération générale de l’enseignement de base, Ikbel Azzebi.

Ce dernier  a indiqué que « la commission, réunie pour examiner la situation syndicale générale et un ensemble de revendications, a décidé d’observer une journée de colère nationale pendant les vacances d’hiver (du lundi 22 décembre 2025 au dimanche 4 janvier 2026), dont la date sera fixée ultérieurement, ainsi qu’une grève sectorielle le 26 janvier 2026, pour protester contre le blocage des négociations avec le ministère de l’Éducation et son refus d’engager un dialogue sérieux sur les revendications du secteur incluses dans la motion professionnelle qui lui a été transmise depuis le dernier congrès ».

Les revendications des enseignants portent cette fois sur l’augmentation des salaires des enseignants, l’accélération du versement des indemnités financières dues aux enseignants diplômés de l’enseignement et de l’éducation, les promotions et la mise en œuvre des accords conclus avec les partenaires sociaux, dont en premier lieu l’application de l’accord relatif à la catégorie A3, qui prévoit la réduction du nombre d’heures d’enseignement de 25 à 18 heures par semaine.

Le corps enseignant réclame en outre le respect du droit syndical, l’ouverture de négociations responsables et sérieuses, la tenue de réunions avec les syndicats sur les différents dossiers professionnels, ainsi que le renforcement des ressources humaines des établissements scolaires.