Traversées de la Manche: un réseau de taxi-boats devant la justice à Lille

Des migrants tentent de monter à bord de bateaux-taxis de passeurs afin de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le nord de la France, le 27 septembre 2025. Deux femmes sont mortes pendant la nuit alors qu’elles tentaient de traverser la Manche pour rejoindre la Grande-Bretagne, ont déclaré samedi les autorités françaises, ajoutant qu’une soixantaine d’autres personnes avaient été secourues. (Photo de Sameer Al-DOUMY / AFP)
Dix-sept passeurs présumés entre la France et l’Angleterre sont jugés depuis hier à Lille, dont quatre pour homicide involontaire.
Jusqu’au 12 décembre, ils comparaîtront devant la chambre correctionnelle de la juridiction interrégionale spécialisée du tribunal judiciaire de Lille pour « aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d’un étranger en bande organisée », « participation à une association de malfaiteurs » et « mise en danger d’autrui ».
Quatre d’entre eux sont également poursuivis pour « homicide involontaire » commis le 26 septembre 2023.
Ce jour-là, une ressortissante érythréenne d’une vingtaine d’années a été retrouvée morte sur une plage de Sangatte, dans le Pas-de-Calais, après une nuit de tentatives de traversée de la Manche.
Décès de 7 migrants
Douze des prévenus sont en détention provisoire et cinq autres sous contrôle judiciaire. Seize d’entre eux étaient présents à l’ouverture du procès lundi matin (1er décembre).
Ce procès fait suite à des investigations de la police aux frontières sur un vaste réseau de passeurs soupçonné d’être impliqué dans la mort de sept candidats à l’exil au total, dont deux mineurs.
Ils utilisaient des « taxi-boats », un mode opératoire consistant à mettre à l’eau des embarcations à l’abri des regards, notamment depuis des cours d’eau à l’intérieur des terres, pour échapper à la surveillance des forces de l’ordre près des principales plages de départ.
Les canots pneumatiques s’approchent ensuite par la mer de ces plages, pour récupérer des passagers directement dans l’eau, avant de poursuivre leur route vers l’Angleterre.
Changement de doctrine
Ce réseau aurait une cinquantaine de traversées illégales à son actif, dans des embarcations surchargées et sans équipement de sécurité adapté, entre avril 2023 et août 2024.
Au total, vingt-quatre membres du réseau ont été interpellés. Il s’agit majoritairement de Syriens, Afghans, Irakiens, Égyptiens, Soudanais et Tunisiens.
Actuellement, une fois une embarcation clandestine en mer, seuls les secours interviennent en cas de besoin, en raison des risques que présentent ce type d’opérations, comme prévu par les conventions internationales.
Mais après des mois de discussions, la France a annoncé qu’elle débuterait « prochainement » des opérations visant à intercepter en mer les taxi-boats avant l’embarquement des migrants, un changement de doctrine réclamé de longue date par Londres.
