Algérie – Hirak : Amnesty appelle à cesser « d’ériger la dissidence en infraction »

 Algérie – Hirak : Amnesty appelle à cesser « d’ériger la dissidence en infraction »

Le Hirak à Alger en 2021 : mobilisation citoyenne pour la démocratie et les droits politiques. Illustration.

Treize militants du Hirak, dont Mohamed Tadjadit, encourent des peines pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison. Plusieurs ONG appellent à leur libération immédiate.

 

« Il est scandaleux qu’en Algérie des militant·e·s, comme Mohamed Tadjadit, risquent de lourdes peines de prison ou même la peine de mort pour avoir simplement réclamé des réformes politiques », s’indignait Hussein Baoumi, directeur régional adjoint d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, dans un communiqué.

Hier (30 novembre) s’ouvrait le procès de treize militants du Hirak, dont Mohamed Tadjadit, surnommé « le poète du Hirak », devant le tribunal de première instance de Dar El Beïda (Alger). L’ONG appelait les autorités algériennes à libérer immédiatement « tous les militants détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique ».

Utilisation abusive ?

Incitation à s’armer contre l’autorité de l’État, acquisition de fonds pour accomplir des actes portant atteinte à la sécurité de l’État, publication de contenus de nature à nuire à l’intérêt national : les accusations du ministère public algérien sont multiples.

Pour Amnesty International, ces charges sont fondées uniquement sur des actions militantes pacifiques en faveur de réformes politiques. « L’utilisation abusive, par les autorités algériennes, de lois sur la sécurité formulées en termes vagues pour réduire au silence les personnes qui les critiquent est une grave injustice qui doit cesser », affirmait Hussein Baoumi.

Multiples condamnations

Reconnu coupable de « soutien à des organisations terroristes » et de « propagation d’idées extrémistes », le 11 novembre dernier, Mohamed Tadjadit avait déjà été condamné à cinq ans de prison pour apologie du terrorisme.

Ciblé par les autorités algériennes, « le poète du Hirak » a été emprisonné à de multiples reprises depuis 2019, date du début du Hirak, mouvement de contestation populaire en Algérie.

Dans une déclaration conjointe (10 novembre), une vingtaine d’ONG dénonçaient « un signal alarmant à tous ceux qui élèvent la voix pour défendre les droits humains en Algérie ».

La semaine dernière, Amnesty maintenait sa position et appelait les autorités algériennes à cesser « d’ériger la dissidence en infraction ».