Amir à Gardanne : peut-on applaudir un chanteur qui soutient une armée en plein génocide ?

Le chanteur franco-israélien Amir (Photo : Valery HACHE / AFP)
Alors que l’armée israélienne mène à Gaza une offensive d’une violence inédite, qualifiée de génocide par de nombreux observateurs internationaux, la venue du Franco-Israélien Amir à Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, le 26 juillet, crée l’indignation.
Ancien soldat de l’armée israélienne, soutien assumé de Tsahal, le chanteur doit se produire dans un concert gratuit financé par des fonds publics en plein centre-ville. Une partie des habitants et des élus s’indigne. À juste titre.
Une programmation qui interroge… et qui blesse
Dix ans après ses débuts dans The Voice, Amir a fait du chemin. Quatre albums, des tournées, une image lisse d’artiste « solaire ».
Mais derrière le succès commercial, il y a une histoire personnelle et politique qu’on ne peut pas balayer d’un revers de main : Amir a été soldat dans l’armée israélienne. Il l’assume. Il la défend.
En pleine guerre à Gaza, où les bombardements ont tué des dizaines de milliers de civils selon l’ONU, inviter un ancien soldat de Tsahal à se produire dans un cadre festif est un choix politique. Et un choix grave.
La CGT veut un débat, l’opposition appelle au boycott
Le syndicat CGT des agents municipaux a été le premier à tirer la sonnette d’alarme. Dans un communiqué relayé par le quotidien marseillais La Provence, il rappelle :
« Il a effectué son service militaire dans l’armée israélienne et assume son engagement idéologique aux côtés de Tsahal, à l’heure même où cette armée mène à Gaza une offensive militaire d’une violence extrême. »
Le syndicat ne prône pas explicitement le boycott, mais demande l’ouverture d’un débat public sur cette programmation qu’il juge inacceptable dans le contexte actuel.
De son côté, le Collectif citoyen Gardanne Biver, groupe d’opposition municipale, se montre beaucoup plus clair. Ses élus ne mâchent pas leurs mots :
« Comment peut-on accepter qu’un homme qui soutient l’extrême droite israélienne, loue Tsahal, justifie la guerre, se taise sur le génocide en cours et la colonisation de la Cisjordanie ? », dénonce le collectif.
La mairie, entre déni et provocation
Face à cette levée de boucliers, la mairie, par la voix d’Arnaud Mazille (LR), adjoint à la culture, joue la carte de l’étonnement :
« Le seul critère de sélection, c’est le talent. On veut instrumentaliser ce concert pour importer un conflit », se défend la mairie.
Mais ce sont les choix municipaux eux-mêmes qui importent le conflit, consciemment ou non. En maintenant la venue d’Amir, la ville envoie un message très clair : on peut fermer les yeux sur un génocide, tant que l’artiste est populaire.
Un concert au goût amer
Le 26 juillet, des centaines de personnes viendront peut-être écouter Amir sur le cours de la République. Mais autour, il y aura aussi le silence gêné de ceux qui refusent de voir. Le malaise de ceux qui savent. Et la colère de ceux qui n’acceptent pas.
Car non, on ne peut pas séparer un artiste de ses actes. Pas quand il s’agit de la guerre. Pas quand il s’agit d’un génocide.
