De retour de Palestine, des sénateurs français tirent la sonnette d’alarme

La délégation et les principaux membres du conseil municipal de Bethléem. Crédit photo : Compte rendu du déplacement du groupe interparlementaire d’amitié France-Palestine à Jérusalem, Ramallah et Bethléem
Mardi 16 septembre, au Sénat, l’ambiance est grave mais déterminée. Les cinq sénateurs revenus de Cisjordanie se tiennent côte à côte. Gisèle Jourda, la présidente du groupe d’amitié France–Palestine, ouvre la conférence de presse d’une voix ferme : « La reconnaissance de l’État palestinien n’est pas une provocation. Ce n’est pas une agression. C’est un droit. » Autour d’elle, ses collègues hochent la tête. L’heure est au constat et à l’alerte.

La délégation transpartisane était composée de la socialiste Gisèle Jourda, du républicain Étienne Blanc, de l’écologiste Raymonde Poncet Monge, du communiste Pierre Barros et du socialiste Adel Ziane.
Quelques jours plus tôt, du 8 au 12 septembre, ces élus avaient arpenté les rues de Jérusalem-Est, de Ramallah et de Bethléem. Leur récit laisse apparaître une même idée : le quotidien palestinien est marqué par l’asphyxie.
« Nous avons vu des populations prises au piège, contrôlées à chaque déplacement, privées de leurs moyens de subsistance », explique Étienne Blanc.
À Bethléem, le sénateur décrit des familles chrétiennes en exil, incapables de continuer à vivre du tourisme. « Cent quarante-sept familles sont parties, faute de perspectives », souffle-t-il, évoquant un « véritable étranglement ».
À Ramallah, les parlementaires ont pénétré dans les hangars du Croissant-Rouge palestinien. Piles de cartons, matériel médical immobilisé, aides humanitaires bloquées.
« Ce que nous avons vu est effrayant : l’aide existe, mais elle reste stockée. Tout est conditionné à la volonté des autorités israéliennes », dénonce Gisèle Jourda. Le Croissant-Rouge, rappellent les élus, a perdu 55 humanitaires depuis le début du conflit.
Selon leurs chiffres, seuls 140 camions d’aide franchissent chaque jour les points d’entrée vers Gaza, quand 600 seraient nécessaires. Raymonde Poncet Monge insiste : « Nous avons entendu cette phrase partout : les familles mourront à Gaza car elles ne peuvent plus partir. »
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Le 10 septembre, la délégation a également échangé longuement avec Mohammed Mustapha, Premier ministre de l’Autorité palestinienne.
« Il nous a parlé du jour d’après », raconte Adel Ziane. « Cessez-le-feu, libération des otages, réformes institutionnelles, organisation d’élections. Mais il a surtout insisté : sans les 2,5 milliards de dollars de recettes fiscales bloquées par Israël, rien n’avance. Ce sont les salaires des fonctionnaires, la santé, l’éducation qui sont paralysés. »
De retour au Sénat, les élus veulent peser. Pierre Barros rappelle que « le droit international est le socle sur lequel nous devons bâtir » et appelle à stopper immédiatement la colonisation. Adel Ziane va plus loin : « Rester spectateurs n’est plus possible. Des sanctions doivent être envisagées. »
Dans la salle, le ton est unanime : la reconnaissance de la Palestine ne pourra avoir de sens que si elle est suivie d’effets concrets. Gisèle Jourda conclut, presque en forme de promesse : « Nous accompagnerons la transition politique, mais aussi la marche vers la paix. Le chemin sera long. La reconnaissance ne sera qu’une première étape. »
