Rima Ayadi : « Maman, ne t’inquiète pas, je vais bien. »

Enghien-les-Bains, le 28 août 2025 – Rima Ayadi (à droite) aux côtés de la Turque Elif Nur Turhan, après leur combat pour le titre WBA intérimaire des super-plumes.
Rima Ayadi rêvait de devenir championne du monde de boxe. Ce jeudi soir, au casino d’Enghien-les-Bains, la Francilienne avait rendez-vous avec l’histoire. À 36 ans, elle disputait le combat de sa vie pour le titre WBA intérimaire des super-plumes. Mais au sixième round, une droite de la Turque Elif Nur Turhan met fin à ses espoirs. Première défaite pour la Française. Une salle glacée. Et une image qui restera gravée : celle des larmes d’une maman.
Sixième reprise. Rima Ayadi encaisse une droite de la Turque Elif Nur Turhan. Elle vacille. Elle tombe. L’arbitre arrête le combat. Silence brutal. Comme si on avait coupé le son. Juste avant, la salle grondait : « Allez Rima ! Tu peux le faire ». Les poings frappaient les barrières, les pieds cognaient le sol. Une clameur à vous faire vibrer la cage thoracique. Et puis plus rien.
Et puis, l’image. Celle qui restera. Pas celle du crochet. Pas celle de la chute. Celle d’un visage. Celui d’une maman. Le caméraman zoome. Son regard à l’écran géant. Ses larmes. Elle pourrait être ma mère. Elle pourrait être la tienne. Elle regarde sa fille, au sol, et elle pleure. Et là, on a tous le cœur serré. Parce qu’on comprend. Parce qu’on imagine. La peur. L’incompréhension. Avant que sa fille ne boxe, elle ne connaissait pas ce sport. Elle connaissait les repas de famille. Pas les uppercuts. Ce soir, elle a tremblé comme jamais.
Les premiers mots de Rima après le combat ? Pour elle. Pour sa mère. « Maman, ne t’inquiète pas, je vais bien. »
Voilà. Tout est là. Ça résume Rima Ayadi. Une guerrière sur le ring. Une fille avant tout.
Parce que Rima, ce n’est pas une histoire comme les autres. Elle n’est pas née avec des gants. Elle a découvert la boxe tard. À 26 ans. Tard pour les spécialistes. Trop tard, disent-ils. Mais pas pour elle. Quand elle décide, elle y va. Alors elle bosse le jour. Serveuse le soir. Les Champs-Élysées en scooter, sous la pluie. Des shifts jusqu’à deux heures du matin, pour payer les factures. Et le matin, retour à la salle. « Les premières années, j’étais obligée de travailler en même temps. Quand je sortais du sparring, il était 21 heures… » Elle a galéré. Elle a douté. Mais elle a tenu.
À 36 ans, ce jeudi soir, elle joue le combat de sa vie. Titre WBA intérimaire des super-plumes. Championne du monde. Elle y croit. Elle entre sur le ring, comme une reine. En face, Turhan. Pas la plus belle boxe, mais des coups comme des pierres.
La salle sent le cuir, la sueur, le parfum fort qu’on met pour une grande occasion. Les lumières écrasent, le bruit des pieds sur le sol résonne. Chaque round, la même histoire : deux minutes calmes, trente secondes de tempête. Et Rima qui encaisse. Rima qui tente. Rima qui veut.
« Vas-y Rima ! Elle est à toi ! » crie Ilhame, un soutien de la première heure.
« Allez Rima ! Lâche rien ! » s’époumone Sabiha Ladjal, de Freedrivers, un de ses nombreux sponsors.
« On croit en toi Rima ! » hurle un jeune fan, juste derrière la barrière.
Première défaite. Et ça fait mal. Parce qu’elle a tout donné. Parce qu’elle avait imaginé une fête. Pas des larmes. Et pourtant… Elle ne fuit pas. Elle ne se cache pas. Elle affronte la salle. Elle remercie ses soutiens. Elle s’excuse presque. Elle pleure. Rima, le roc, en larmes. Son corps se tord. « J’ai pas anticipé ça. J’ai travaillé tellement. J’ai tout donné… Mais je vais me relever. » Et la salle scande : « On t’aime Rima ! Le meilleur est à venir ! »
Oui, elle a perdu un combat. Mais pas la guerre. Parce que ce qu’elle a gagné, personne ne pourra le lui enlever. Elle a prouvé qu’on peut partir de rien et viser le sommet. Et même quand la vie nous met au tapis, on se relève. Parce que c’est ça, être une championne.
Rima, c’est une leçon de vie. Ceux qui la connaissent le savent. Avant la boxe, elle n’était pas sportive. Elle était même raillée. Elle avait ses complexes. Et aujourd’hui, elle inspire. Elle montre que tout est possible.
Et quelque part, au fond de la salle, une maman essuie ses larmes. Fière. Parce qu’elle sait. Sa fille est une reine.
