Transhumanisme : Frankenstein au Maroc

Œil bionique : entre promesse technologique et question éthique, la transformation humaine se dessine déjà.
Si l’on ne peut pas aller jusqu’au point de considérer que ces frappes contre l’Iran, comme le génocide de Gaza – qui sont d’abord le fait de l’Amérique – sont exclusivement concrétisées pour faire diversion à des complots beaucoup plus graves pour l’avenir de l’humanité, au moins, personne ne nous obligera à ne pas tirer la sonnette d’alarme sur l’arrogance et l’activisme des gourous du transhumanisme qui nous vantent l’usage des sciences et des techniques afin d’améliorer radicalement la condition humaine par l’augmentation des capacités physiques et mentales du corps humain, et contribuer à l’allongement de l’espérance de vie !
La question n’est pas superflue, tant l’engouement pour l’IA, avec ses progrès facilitant la vie de tous les jours, cache des dangers suprêmes tels que l’accélération de la fusion nucléaire mais surtout la banalisation des implants neuronaux, la biologie de synthèse, bref, l’idée d’un homme imparfait, incomplet, à transformer au plus vite.
Derrière les beaux discours des entrepreneurs de la Silicon Valley – qui est constitutive du transhumanisme – repose de fait la conviction que l’être humain serait un être imparfait et que, de ce fait, pour les transhumanistes, améliorer l’humain est une mission urgente précisément parce qu’il serait défaillant.
C’est pour mettre fin à cette imperfection originelle que les transhumanistes souhaitent modifier sa « nature » en recourant aux nouvelles technologies. Le problème, c’est que cette folie est désormais partagée par des gens qui possèdent l’argent et le pouvoir qu’il faut, comme Elon Musk ou encore un tycoon de l’industrie, comme le célèbre capital-risqueur Marc Andreessen.
L’homme est désormais pensé par le techno-capitalisme comme le summum de la modernité. Dans le lot, le scientifique Guillaume Verdon, un éminent ingénieur en physique quantique canadien, ancien de Google, qui a créé sa propre start-up d’IA, plaide officiellement pour un « post-humanisme » où, pour maximiser l’intelligence dans l’univers, nous serons amenés à « quitter nos enveloppes biologiques » pour « créer d’impensables formes de vie de nouvelle génération ».
Il serait ainsi inconscient de prendre ces affirmations pour de simples prises de bec entre tenants et adversaires de ChatGPT. Pour ces gens-là, il faut impérativement « augmenter » le cerveau de l’homme grâce à une technologie qui répare le monde. Ce n’est pas pour rien que le maître à penser d’Elon Musk, le philosophe écossais William MacAskill, auteur d’un livre intitulé What We Owe to the Future (Ce que l’on doit au futur), a développé une thèse selon laquelle l’homme pourrait un jour être périmé.
Le plus grave dans tout cela, c’est que beaucoup de scientifiques ne jurent désormais que par « l’homme augmenté ». C’est le cas, d’ailleurs, de l’historien israélien Yuval Noah Harari, pour qui « Les surhommes qui verront le jour dans les cent ans à venir se différencieront sans doute davantage de nous que nous différons de l’homme de Néandertal ou du chimpanzé » !
Ce qui est encore plus grave, c’est que nous autres Marocains, comme tous les Arabes et Africains, empêtrés dans la course pour gagner notre vie, pourvoir à notre subsistance, subvenir à nos besoins, ne pas tomber plus bas, sommes sourds et aveugles à ces enjeux qui finiront par nous rattraper avec toutes les dérives possibles et imaginables.
À titre d’exemple, les ravages de la chirurgie esthétique en Occident n’ont pas empêché de faux praticiens – mais vrais escrocs – de faire fortune en défigurant des milliers de Marocaines (et de Marocains aussi) avec des opérations et des produits toxiques sur tous les plans. Certaines se sont suicidées, d’autres hantent désormais les prétoires des tribunaux, mais le mal est déjà fait !