Est-il réaliste d’envisager la 5G pour bientôt en Tunisie ?

 Est-il réaliste d’envisager la 5G pour bientôt en Tunisie ?

Le groupe a annoncé hier 22 janvier la réussite de la première expérience 5G dans la région MENA


Le président exécutif du groupe de télécommunications qatari « Ooredoo » Mohamed Ben Abdallah Al Thani a annoncé aujourd’hui mercredi depuis le Forum économique mondial de Davos qu’il « visitera la Tunisie au cours de la semaine prochaine, afin de prospecter les opportunités de développer de nouvelles startups dans le domaine des technologies de la communication ». Objectif affiché : l’implantation de la technologie 5G à court terme. Simple effet d’annonce ou optimisme mesuré ?



Mohamed Ben Abdallah Al Thani, directeur général d'Oreedoo Koweït, le 22 janvier 2019


 


Depuis mardi, la délégation tunisienne à Davos, présidée par le chef du gouvernement Youssef Chahed, multiplie les annonces allant dans le sens de la volonté de ce dernier de faire de la Tunisie « une ambitieuse plate-forme pour attirer des investissements en Afrique ». Ce n’est donc pas une rencontre fortuite que celle avec le plus important « FAI » privé du pays devant Orange, anciennement connu sous le nom de Tunisiana avant son rachat. 


A l’issue d’une rencontre avec le ministre tunisien du Développement, de l’investissement et de la coopération internationale Zied Ladhari également présent sur place, Al Thani a précisé que son groupe entend « encourager les jeunes promoteurs à se lancer dans cette expérience et à tirer profit des pépinières qui seront créées à cet effet », sans doute une façon habile de sous-traiter du moins en partie le volet « R&D » (recherche et développement).  


Ainsi le magnat a évoqué le lancement déjà attendu par les technophiles du nouveau service 5G en Tunisie, « dès 2019 », et ce « après l’achèvement de toutes les procédures et la mise en place d’un cadre législatif adéquat » de cette bande dite ultra haut débit.


Le numéro 1 du fournisseur d’accès en a profité pour annoncer la réussite de la toute première expérience du lancement de la 5G, fraîchement réalisée par le groupe hier mardi, et qui a en l’occurrence relié deux pays : le Qatar et le Koweït, désormais connectés en 5G.


 


« Pas avant 2021 »…


Mais fin décembre 2018, Anouar Maarouf, ministre des Technologies de la communication et de l’Economie numérique (issu d’Ennahdha tout comme son homologue à la Coopération internationale), s’était pourtant montré moins optimiste : « les licences de la nouvelle technologie 5G seront probablement lancées en 2021, avec la possibilité d’échelonner leur paiement, afin de permettre aux opérateurs de commencer l’exploitation de cette technologie et la mettre au plus vite au service des Tunisiens », avait-il déclaré en marge d’un workshop sur la 5G et l’innovation, organisé par l’Agence nationale des fréquences.


Encore nouvelle y compris en Occident, la technologie 5G représente « une révolution numérique en Tunisie et sera un vecteur essentiel pour garantir l’internet à très haut débit, jusqu’à 10 Gb/s, outre les autres usages technologiques que l’on pourrait en faire », s’était enthousiasmé le ministre.


A l’échelle internationale, selon de récentes estimations, la 5G est censée apporter 11.300 milliards d’euros à l’économie mondiale à l’horizon 2035.


A titre de comparaison, en France le cap est fixé à 2025, année où les grandes villes de l'Union européenne et les principaux axes de transport bénéficieront d'une couverture en 5G. Mais dès 2020, au moins une grande ville de chaque État membre devra être couverte par l'ultra haut débit mobile, selon une feuille de route européenne.


Pour Soumaya Hammouda, maître de conférences à la faculté des sciences de Bizerte et membre chercheur à Sup’Com, « il faudrait d‘abord commencer par identifier les besoins technologiques réels en Tunisie avant d’introduire la 5G qui est en adéquation avec les nouveautés technologiques de tendance comme l’internet des objets, les drones ou la voiture connectée ».


Reste à établir un état des lieux des besoins en infrastructure, en capacité et en défis de consommation d’énergie pour les opérateurs. Mais si l’on se fie aux 1 à 2 ans de retard accusés par la Tunisie en matière de généralisation de la 4G (61.38% de taux de couverture de la 4G enregistré au dernier trimestre de l'année 2017), 2021, voire 2022, semble être un horizon raisonnable s’agissant de la 5G à grande échelle.

Seif Soudani