Les autorités tunisiennes interdisent l’atterrissage des avions émiratis sur le sol tunisien

 Les autorités tunisiennes interdisent l’atterrissage des avions émiratis sur le sol tunisien

Hôtesses de la compagnie Emirates


La réaction tunisienne n’aura pas attendu la fin du weekend : d’après des sources gouvernementales, le chef du gouvernement Youssef Chahed a décidé dans la soirée du dimanche 24 décembre 2017 d’interdire les avions émiratis d’atterrissage dans les aéroports tunisiens. Une mesure de réciprocité aussitôt saluée par les internautes qui n’en attendaient pas moins face aux atermoiements opaques, jugés humiliants, des autorités émiraties. 



Dimanche, les images en provenance de Dubaï de familles tunisiennes bloquées à l'aéroport ont choque les Tunisiens


 


La décision aurait été prise ce soir à l’issue d’une réunion entre Chahed et son ministre des transports Radhouane Ayara, convoqué en urgence. Une réponse à la surprenante décision émiratie d'interdire l'accès aux Emirats Arabes Unis aux femmes tunisiennes prise vendredi.


L'interdiction tunisienne concerne les vols opérés par la compagnie Emirates de et vers Tunis et qui sera levée "lorsque la compagnie trouvera une solution au blocage actuel, conformément aux lois et conventions internationales ".


Par cette réaction d’orgueil légitime, le jeune chef du gouvernement tunisien marque des points politiques vis-à-vis de l’opinion publique, d’autant que la présidence de la République est demeurée discrète jusqu’alors, si ce n’était une déclaration visiblement gênée de sa porte-parole Saïda Garrach, partagée entre la condamnation et le rappel du « caractère souverain » de la mesure émiratie.


 


L’ambiguïté des Emirats a fini par agacer au sommet de l’Etat


Dimanche, alors que l’on pensait le différend réglé après que la compagnie aérienne Emirates ait autorisé l’embarquement des Tunisiennes bloqués à Tunis et Dubaï, une source sécuritaire auprès de l’aéroport Tunis-Carthage nous a confié que neuf femmes tunisiennes ont été empêchées de monter à bord des compagnies Emirates et Al-Ittihad. Pis, cette fois, certaines disposaient déjà de cartes de résidence aux Emirats. 


Par la voie de leur ambassadeur, les Emirats arabes unis avaient évoqué samedi « des questions de sécurité » pour justifier des « mesures spécifiques et temporaires » prises à l'encontre des voyageuses tunisiennes qui ont entraîné de vives protestations en Tunisie.


Mais la veille, plusieurs associations, figures publiques et partis politiques tunisiens ont appelé les autorités tunisiennes à prendre une position stricte et à « lutter contre tout acte portant atteinte à la dignité des Tunisiens et des Tunisiennes », mettant ainsi la pression sur le gouvernement pour sortir de son mutisme.


C’est chose faite à présent, en cette séquence qui confine désormais clairement à l’incident diplomatique d’une ampleur inédite. La gestion souvent capricieuse et épidermique de l’espace aérien des Emirats, en l’occurrence soit liée au démantèlement de réseaux internationaux de prostitution présumés, soit à un projet terroriste présumé, ne saurait justifier de telles mesures punitives collectives, qui ont donc eu raison de la patience de Tunisiens pourtant connus pour leur modération.


 


Seif Soudani

Seif Soudani