Les recettes touristiques en nette hausse

 Les recettes touristiques en nette hausse

Ancien dirigeant d’une agence de voyage


A l’approche à grands pas de la fin de la haute saison touristique estivale, l’heure est déjà aux bilans. Pour son premier été à la tête du ministère du Tourisme et de l’Artisanat, le très volontariste René Trabelsi peut se féliciter d’être en passe de réussir le pari qu’il s’était fixé lors de sa prise de fonctions en novembre de l’année passée, en tutoyant désormais la possibilité d’atteindre la barre symbolique des 9 millions de visiteurs en 2019.


Selon les données mises à jour par la Banque centrale de Tunisie hier 19 août, les recettes touristiques internationales ont dépassé les 3,19 milliards de dinars, soit une impressionnante progression de +44% (+971 millions de dinars) par rapport à la même période l’année dernière.


Il est important de noter que cette fois la dépréciation du dinar tunisien n’est pas le seul facteur expliquant cette augmentation des recettes, dans la mesure où depuis le début 2019, date de sa culmination à 3,47dt pour un euro, la monnaie tunisienne enregistre une correction notable de sa valeur par rapport aux principales devises étrangères.


Début août, le ministre avait affiché une prévision optimiste de 4 milliards de recettes à l’horizon fin 2019. Dopé par les recettes touristiques, le montant des réserves en devises du pays révélé à la mi-août par la BCT, lui donne raison en se hissant à son plus haut niveau depuis l’été 2017, pour s’établir à 17,2 milliards de dinars (+6,2 milliards de dinars par rapport à l’an dernier), soit 25 jours d’importations.


 


Le rôle clé des touristes aoûtiens algériens


A titre d’exemple illustrant cette tendance haussière, près de 25.000 Algériens en partance pour la Tunisie ont été enregistrés jeudi dernier par la police de l’air et des frontières algérienne. « Un rush sans précédent » estiment nos confrères d’El Watan.


Le même René Trabelsi se félicite qu’à la fin du mois de juillet, le nombre de touristes algériens en Tunisie avait déjà connu une hausse de 13% par rapport à la même période en 2019.


Le 9 août dernier, le phénomène de l’explosion du tourisme algérien en Tunisie attirait même l’attention du Monde qui titrait « La Tunisie, destination de liberté pour les Algériens », en rappelant au passage qu’environ 65 % des Algériens qui partent en vacances choisissent la Tunisie, ce qui constitue un véritable « sauvetage du tourisme tunisien », estime l’article.


En marge des récentes Journées promotionnelles de l’artisanat qui se tenaient à l’Aéroport de Tunis-Carthage en plein travaux d’extension, Trabelsi a par ailleurs démenti catégoriquement devant les médias les rumeurs selon lesquelles les touristes algériens bouderaient la destination Tunisie, en raison du traitement hostile de certains hôtels :




« Le marché algérien reste toujours aussi important pour la Tunisie. Il est en augmentation permanente. Le nombre de touristes qui ont visité notre pays a dépassé, les 5 millions, jusqu’à fin juillet dont au moins un million d’Algériens ». La même source fait savoir que le taux des réservations dans les différentes unités hôtelières de Djerba a atteint les 80% pour le mois de septembre 2019.


La progression des visites en provenance de l’Algérie voisine reste cependant en deçà de la progression des arrivées européennes en pleine reprise (+19,9% rien qu’au premier trimestre 2019), mais plus importante que les visites des touristes chinois (+10,4%).


Des résultats qui ont de quoi faire taire pour le moment les appels de plus en plus nombreux à une suppression future du ministère du Tourisme, estimant qu’un tel département est redondant avec l’Office national du tourisme déjà coûteux en ressources de l’Etat, d’autant plus que la plupart des pays les plus performants au monde en la matière donnent à voir un secteur autogéré, à l’image de l’Espagne et de la France, qui font l’économie d’un superflu ministère du Tourisme.          

Seif Soudani