Tunisie. Mandat de dépôt émis à l’encontre de l’avocat Ahmed Souab

 Tunisie. Mandat de dépôt émis à l’encontre de l’avocat Ahmed Souab

Conférence de presse du fils d’Ahmed Souab au siège du SNJT

La justice tunisienne a émis un mandat de dépôt à l’encontre de l’avocat et ex magistrat administratif Ahmed Souab, confirme Me Dalila Ben Mbarek Msaddek dans l’après-midi du mercredi 23 avril 2025. Une décision qui intervient après que l’un juge d’instruction au Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme a ordonné, 48 heures plus tôt, la garde à vue du juriste.

Le septuagénaire est poursuivi dans le cadre d’une enquête pour plusieurs chefs d’accusation liés au terrorisme, suite à la diffusion d’une vidéo le montrant vêtu de sa robe d’avocat dans l’exercice d’une déclaration jugée menaçante à l’égard du président du tribunal, aux abords du siège de la Maison de l’avocat, en date du 19 avril courant. Lors de son audition ce matin, le juge a interdit l’entrée à plus de six avocats, ce qui a résulté en un retrait collectif des avocats de Souab pour protester contre cette mesure.

L’affaire suscite un vaste mouvement d’indignation tant dans les milieux juridiques que parmi l’opinion publique, certains y voyant une atteinte préoccupante à la liberté d’expression et à l’indépendance de la profession d’avocat. Dans la matinée, lors d’une conférence de presse tenue au Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), son fils Saeb Souab a rappelé que son père souffre de maladies cardiovasculaires et a déjà subi une chirurgie cardiaque en 2021.

 

Des ONG appellent à une libération immédiate

Dans la même journée, plus de 40 organisations et associations ont appelé à la « libération immédiate » de l’avocat et ancien juge Ahmed Souab, qui avait été conduit lundi dernier au Pôle judiciaire antiterroriste et détenu pour « des accusations à caractère terroriste », lui qui a consacré une partie de sa vie précisément à la lutte anti fondamentalisme et jouit d’une grande popularité dans le pays.

Ainsi dans une déclaration commune publiée mardi soir, les organisations et associations ont condamné l’arrestation de Souab appelant à « garantir le droit des avocats à exercer leur profession sans harcèlement sécuritaire et judiciaire ainsi qu’au respect des garanties du procès équitable et de l’indépendance de la justice ».

Les signataires ont qualifié les pratiques menées contre Souab et les membres du comité de défense dans l’affaire du complot comme « une tentative d’intimidation méthodique des avocats, en violation flagrante de toutes les garanties nationales et internationales du droit à la défense ».

Notons parmi les signataires, la Ligue des droits de l’homme, le Forum des droits économiques et sociaux FTDES, l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates, le Syndicat des journalistes tunisiens, Avocats sans frontières, Amnesty International Tunisie, et l’Organisation mondiale contre la torture. Celles-ci ont appelé à la « libération inconditionnelle » du professeur Ahmed Souab et de toutes les personnes détenues « en raison de leurs positions politiques ou de leurs opinions libres ».