Un institut de formation des imams dissous en Conseil des ministres

 Un institut de formation des imams dissous en Conseil des ministres

Cours à l’IESH de Saint-Léger-de-Fougeret, en Bourgogne. Fondé en 1992, l’institut forme en sept ans des musulmans de France pour devenir imams. (Photo : Jeff Pachoud / AFP)

L’Institut européen des sciences humaines est une petite école d’imams de Bourgogne. Accusée d’« islam radical », elle a été dissoute par Bruno Retailleau.

« La lutte contre l’entrisme de la mouvance frériste se poursuit », a écrit le ministre de l’Intérieur, accusant l’institut de légitimer « le jihad armé ».

Un rapport intitulé Frères musulmans et islamisme politique en France a été demandé par Emmanuel Macron. Il a été publié au printemps et fait état d’une « menace pour la cohésion nationale » avec le développement d’un islamisme « par le bas » de la part des Frères musulmans.

Visite express

Fondé en 1992 à l’initiative de l’Union des organisations islamiques de France, l’IESH a assuré s’être distancé des Frères musulmans et a dit s’inscrire dans la droite ligne de la politique du chef de l’État de former des imams « français ».

En juin, l’institut a reçu un « avis de dissolution » après une visite de deux fonctionnaires dans le cadre de l’établissement du rapport. Le doyen de l’IESH a affirmé que ces derniers s’étaient « limités » à un déjeuner avec lui, ne rencontrant ni étudiants ni enseignants, et ne procédant à « aucune analyse » de l’enseignement de l’institut.

À la suite de la publication du rapport, l’IESH a « réfuté fermement et catégoriquement les accusations infondées et reposant sur des approximations datant de plusieurs dizaines d’années », dans une réaction sur son compte X. L’IESH avait assuré être « un rempart solide et efficace contre les extrémismes se réclamant faussement de l’islam ».

Construire des ponts

Dans une tribune publiée début juillet, une vingtaine de Conseils départementaux du culte musulman et d’associations représentatives ont exprimé leur « désarroi et leur profonde indignation face au projet de dissolution » de l’IESH.

« Loin de représenter un danger, l’IESH construit des ponts et constitue un espace d’intelligence du texte, de regard critique, de contextualisation, et surtout de lutte contre les interprétations dévoyées des sources religieuses, prévenant ainsi les risques de rupture », selon la tribune.