Une autre politique migratoire pourrait rapporter 3,3 milliards d’euros par an

« Il est temps d’avoir le courage politique de faire rimer nos principes de fraternité avec l’efficacité économique. » – Najat Vallaud‑Belkacem, présidente de France Terre d’Asile (Photo : JEFF PACHOUD / AFP)
Dans un nouveau rapport, France Terre d’Asile (FTDA) propose une politique migratoire « plus humaine » permettant de réaliser des économies et de générer des recettes substantielles.
Avec une politique d’asile et d’immigration « plus humaine et rationnelle », la France pourrait dégager plus de 3,3 milliards d’euros par an, en économies et en recettes, pour l’État et la Sécurité sociale.
À l’heure où la rigueur semble être la solution privilégiée dans les discussions sur le projet de loi de finances (PLF), le nouveau rapport de France Terre d’Asile, publié vendredi 7 novembre, propose une politique migratoire « plus humaine et plus efficace ».
Dans un contre-budget présenté le 23 octobre, le Rassemblement national proposait de rogner sur les prestations sociales, dont l’Aide médicale d’État, pour réaliser des économies.
Dans un plan en cinq mesures, France Terre d’Asile prend le contre-pied de cette approche en cherchant à faire des économies tout en dégageant de nouvelles recettes.
Régulariser, économiser
La mesure phare présentée par l’association est la régularisation de 250 000 personnes sans papiers. L’idée serait de les intégrer à l’économie formelle, ce qui permettrait d’une part de répondre à la forte demande d’emplois dans les secteurs en tension, et d’autre part de générer des recettes.
Selon l’estimation de France Terre d’Asile, ce plan de régularisation pourrait rapporter 2,9 milliards d’euros par an.
« Ce gain massif provient principalement des cotisations sociales et de l’impôt sur le revenu qui seraient perçus en intégrant 250 000 personnes à l’économie formelle. Il s’agit de transformer un travail non déclaré ou potentiel en recettes pour la collectivité », précise le rapport.
Combiné à ces régularisations, un accès plus rapide au travail pour les demandeurs et demandeuses d’asile permettrait de réaliser des économies supplémentaires « sur l’hébergement et l’allocation pour demandeur d’asile (ADA) », ainsi que des « recettes nouvelles issues des cotisations sociales versées dès que la personne travaille ».
À ce jour, selon l’association, les demandeurs d’asile ont l’interdiction de travailler pendant six mois.
Stop aux CRA
Le 8 octobre 2023, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, déclarait sur X (ex-Twitter) :
« Avec la loi de programmation du ministère de l’Intérieur, nous doublons quasiment le nombre de places de rétention administrative (de 1 800 aujourd’hui à 3 000 d’ici 2027) pour les étrangers en situation irrégulière que nous allons expulser (Communiqué officiel du ministère de l’Intérieur.»
Une solution d’enfermement « extrêmement coûteuse (plus de 600 € par jour et par place) et dont l’efficacité en vue d’un éloignement est très limitée », estime France Terre d’Asile.
L’annulation des 1 000 nouvelles places de rétention prévues permettrait d’économiser leur coût de fonctionnement annuel, estimé à 219 millions d’euros.
Pour Najat Vallaud-Belkacem, présidente de France Terre d’Asile, il s’agirait d’éviter un « gâchis financier qui coûte des milliards aux contribuables ».
L’ancienne ministre ajoute : « Il est temps d’avoir le courage politique de faire rimer nos principes de fraternité avec l’efficacité économique. »

