Mort de Hasna El Becharia : pionnière, icône, éternelle

 Mort de Hasna El Becharia : pionnière, icône, éternelle

La musique algérienne, la musique tout court, a perdu l’une de ses plus belles étoiles. Hasna El Becharia, « la rockeuse du désert », nous a quittés mercredi 1er mai.

 

 

Sourire malicieux, regard pétillant, à plus de 70 ans Hasna El Becharia continuait de monter sur scène pour enchanter le public, l’hypnotiser, le mettre en transe. De son vrai nom Hasnia Hasni, l’artiste tirait son surnom de la ville où elle a vu le jour en 1950, Béchar, dans le sud de l’Algérie. Hasna El Becharia est bien souvent considérée comme une pionnière.

Guembri calé sur la cuisse, elle a délivré, tout au long de sa carrière, une musique gnaoua faisant se lever, et danser, les foules du monde entier. Véritable source d’inspiration pour toutes les artistes de la musique gnaoua, elle a dû faire preuve d’une grande détermination pour acquérir ce statut.

Interdit

Pour Hasna El Becharia, tout a commencé en bravant un interdit. Dans sa jeunesse, une femme n’avait pas le droit de jouer du guembri. Fille et petite-fille de musiciens, l’appel de la musique a été plus fort. Dans les années 70, elle est régulièrement appelée pour jouer dans les mariages au sein d’un groupe exclusivement féminin.

Très vite, Hasna fait l’acquisition d’une guitare électrique. Elle fait alors, de sa musique gnaoua mâtinée de touches folk rock, une véritable marque de fabrique et obtient son surnom de « Rockeuse du désert ». Luth, mandole, Karbakou, harmonica, elle jouait parfaitement de nombreux instruments de musique.

Reconnaissance

Malgré tout son talent, il lui a fallu attendre d’avoir la cinquantaine pour sortir son premier album : Djazaïr Johara (2001). Avec plusieurs autres albums au compteur, l’artiste accédait au statut d’icône de la musique algérienne.

Si bien, qu’en 2019, Sara Nacer, réalisatrice canado-algérienne, immortalise l’artiste via le documentaire « La Rockeuse du désert ». En septembre dernier, nous avons pu rencontrer Hasna El Becharia au Festival Arabesques (Montpellier). Avant de monter sur scène, elle était revenue pour nous sur différents moments marquants de sa vie.

Ses débuts dans les mariages, sa première scène parisienne, un entretien sincère et émouvant. La musique a perdu mercredi l’une de ses étoiles les plus brillantes, Hasna El Becharia, la « rockeuse du désert ».

 

Charly Célinain