Tunisie. Décès suspects dans les prisons, La LTDH tire la sonnette d’alarme

La Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a alerté mardi 5 août sur ce qu’elle estime être une « recrudescence des violations et des cas de morts suspectes dans les prisons ces derniers temps ». L’ONG appelle les autorités à diligenter une enquête impartiale.
Fin juillet, le jeune Wassim Jaziri, âgé de 25 ans et résident à Sfax, était décédé en détention dans des circonstances encore floues. Le jeune homme, qui souffrait de troubles psychiques, avait été récemment incarcéré à la prison civile de Sfax. Son père, qui lui a rendu visite la veille de sa mort, affirme que Wassim s’était alors plaint de ses conditions de détention et qu’il n’avait rien mangé depuis quatre jours. Moins de 24 heures plus tard, la famille a été contactée pour lui annoncer son décès.
Le drame survenait à quelques jours seulement d’intervalle de deux autres décès similaires dans des établissements pénitentiaires tunisiens, notamment Hazem Amara, 24 ans, également décédé cette fois au pénitencier de Belli (Nabeul) et Amine Jendoubi, 22 ans, décédé à la prison de Borj El Amri (la Manouba). Les trois jeunes hommes, tous âgés de moins de 25 ans, avaient été signalés comme souffrant de problèmes de santé ou victimes de mauvais traitements, toujours selon leurs familles.
Plusieurs voix se sont élevées sur les réseaux sociaux ainsi qu’au sein de la société civile pour dénoncer une situation de plus en plus préoccupante et que l’on pensait révolue.
La Ligue monte au créneau
Dans un communiqué, la LTDH a rappelé que son Observatoire des droits et des libertés a examiné plusieurs rapports faisant état d’une aggravation des violations et de mauvais traitements infligés aux détenus, soulignant que « ces violations sont assimilables, pour certains cas selon des témoignages, à des actes de torture ».
La Ligue a condamné ce qu’elle considère comme une atteinte aux droits humains fondamentaux des détenus des deux sexes, en particulier les mauvais traitements, les traitements humiliants ou encore le refus d’accès aux soins, alors que diverses maladies circulent dans les établissements pénitentiaires. Elle a invité le ministère de la Justice ainsi que la Direction générale des prisons et de la rééducation à « instruire une enquête sérieuse, indépendante et impartiale sur l’ensemble de ces crimes et à traduire les auteurs, complices ou parties prenantes devant la justice ».
La Ligue a par ailleurs mis en garde contre « le recours par les autorités officielles à des politiques répressives fondées sur des textes législatifs contraires aux droits de l’Homme et aux libertés », ajoutant que ces politiques sont à l’origine de l’aggravation du problème de la surpopulation carcérale en Tunisie.
Elle réitère son appel au parquet et aux magistrats à garantir le droit des Tunisiens à la sécurité et à la liberté, en respectant strictement les conditions de détention préventive et en appliquant des peines alternatives. La LTDH rappelle enfin aux autorités concernées « leur devoir légal et humanitaire de préserver la sécurité, la vie et l’intégrité physique des personnes détenues », renchérit l’ONG nobélisée en 2015.
