Le FC 93 Bobigny revendique la place en National laissée vacante par l’exclusion de l’AC Ajaccio

Les joueurs de l’équipe du FC 93 Bobigny. Photo DR
Mercredi 13 août, la DNCG a exclu l’AC Ajaccio (ACA) des championnats nationaux, laissant une place vacante dans le championnat de National, qui se jouera cette saison à 17 équipes. Le FC 93 Bobigny, meilleur deuxième de National 2 la saison dernière, revendique cette place : pour le club, elle devrait lui revenir. Entre frustration, colère et sentiment d’injustice, les dirigeants du club dénoncent une décision qu’ils jugent incohérente, illustrant selon eux un « deux poids, deux mesures » entre clubs amateurs et clubs professionnels dans le football français.
La Fédération française de football (FFF) a confirmé l’exclusion de l’AC Ajaccio de tous les championnats nationaux, alors que le club venait déjà d’être rétrogradé de Ligue 2 en National. Si Boulogne a été repêché pour remplacer l’ACA en Ligue 2, le National devait, lui, repartir à 17 clubs, comme la saison précédente.
Cette décision provoque l’incompréhension de Bobigny, meilleur deuxième des trois groupes de National 2 (les points pris en compte étant ceux obtenus contre les cinq meilleures équipes de la poule).
L’ancien rappeur Sefyu, de son vrai nom Youssef Soukouna, désormais au cœur du projet, prend le dossier en main : « Ma vision est simple : la Fédération n’a jamais fixé de cadre précis pour déterminer les délais et modalités de constitution des championnats. »
Comprendre la DNCG
La Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) est une commission indépendante hébergée par la Ligue de football professionnel (LFP). Véritable gendarme financier du football français, elle supervise les comptes des clubs et peut prononcer des sanctions allant de l’encadrement de la masse salariale à la rétrogradation, voire l’exclusion des championnats. C’est elle qui a décidé l’éviction de l’AC Ajaccio après avoir constaté des irrégularités financières.
Un traitement à deux vitesse
Si la FFF invoque la date du 17 juillet, après laquelle un club ne pourrait plus être repêché, Sefyu dénonce un traitement à deux vitesses : « La rétrogradation d’Ajaccio en N1 a été actée le 7 août, soit vingt jours après la date limite. Pourtant, Boulogne a pu être repêché en Ligue 2 après cette même date. Pourquoi pas nous ? C’est une véritable injustice : quand il s’agit d’un club amateur avec un fort ancrage territorial, on nous impose un plafond de verre ». « La Fédération peut s’adapter quand elle le souhaite. Nous pensions bénéficier du même traitement », ajoute Sefyu.
Le FC 93 n’a d’ailleurs jamais pu être intégré avant le 17 juillet, Ajaccio épuisant tous les recours pour prolonger les procédures avant de finalement renoncer à saisir le CNOSF.
Une injustice vécue comme un plafond de verre
Sefyu insiste également sur la portée sociale et symbolique de cette accession dans le championnat supérieur : « Une montée en National, c’est 10 millions d’investissements sur trois ans, un million de sponsoring par saison, des emplois créés, la professionnalisation du club. Mais surtout, ça prouverait que la banlieue peut s’organiser et exister dans le football professionnel français ».
Le FC 93 Bobigny, qui avait un temps envisagé de boycotter la première journée de National 2, a finalement choisi de disputer le match ce samedi à domicile contre Toulon. Après de longs débats internes, l’équipe de Seine-Saint-Denis a terminé sur un score nul. « Nous n’avions pas vraiment le choix. Nous avions demandé un report du match à la FFF, mais notre demande a été refusée », regrette Sefyu.
« Nous allons saisir le CNOSF pour obtenir une lettre de conciliation attestant que tous les critères sont remplis pour permettre au FC 93 d’accéder au National, précise Maître Mourad Battikh. En cas de refus, la situation risque de se compliquer », reconnaît l’avocat du club.
Mais à Bobigny, on ne baisse jamais les bras. « Nos chances sont minces mais on va se battre jusqu’au bout. En banlieue, on ne lâche jamais », scande fièrement Sefyu.
