Quand le zellige devient sillage

De Shiraz à Alger en passant par Séville, la jeune parfumerie parisienne Maison Cataliya puise son inspiration dans des lieux emblématiques où le zellige se fait symbole. Cet art ancestral devient le fil conducteur d’une collection dont chaque fragrance révèle un pan d’histoire.

Des notes d’agrumes et de cannelle, mêlées à l’ambre gris, s’échappent de Bluesense, traduction olfactive des azulejos qui ornent les jardins andalous de l’Alcazar de Séville.

À Shiraz, la mosquée Nassir al-Molk — dite « mosquée rose » pour ses mosaïques — inspire Notte Rossa, aux accords fruités de musc, cèdre et pistache.

Avec Princesse Zaphira, jasmin, santal et vanille rendent hommage à la dernière reine d’Algérie, héroïne rebelle qui refusa de se soumettre au corsaire Barberousse.

Derrière Maison Cataliya, il y a Dahmane Ouafi, ancien joueur de handball né à Alger, reconverti dans la parfumerie de niche. Enfant de la Casbah, il a grandi parmi les mosaïques colorées qui nourrissent aujourd’hui sa mémoire olfactive.

Mezghenna, iris poudré et intime, lui a été insufflé par les carreaux de la maison de sa grand-mère. Cataliya, nom tiré à la fois d’une orchidée et du prénom de sa fille cadette, prolonge cette démarche intime et patrimoniale. « L’idée est de rendre hommage à cet héritage fragile qui s’efface peu à peu des rues de la Casbah », déplore-t-il.

Pour ce dernier projet lancé en 2024, Dahmane Ouafi s’est entouré de deux nez, l’Italienne Sofia Bardelli et la Franco-Tunisienne Emna Doghri, en leur laissant carte blanche pour le choix des matières premières.

Les flacons, qu’il dessine lui-même, sont ornés de bouchons qui reprennent les motifs des zelliges des lieux dont ils sont la traduction olfactive. Le rythme de création reste volontairement lent, à contre-courant de l’industrie.

D’abord distribué à l’international, Maison Cataliya a désormais une adresse à Paris, près de ceux qui ont à cœur de continuer de faire vivre l’héritage méditerranéen.