Coup de cœur. Le néo-totalitarisme selon Asma Mhalla

 Coup de cœur. Le néo-totalitarisme selon Asma Mhalla

La politologue et essayiste franco-tunisienne Asma Mhalla (Paris, le 4 septembre 2024) – JOEL SAGET / AFP

« Nous vivons dans le monde que nous craignons », alerte la politologue franco-tunisienne Asma Mhalla. Dans Cyberpunk, le nouveau système totalitaire, elle n’imagine pas une dystopie futuriste. Elle décrit le présent qui se déploie sous nos yeux ahuris. Un régime hybride où État, plateformes numériques et shows politiques s’entremêlent pour exercer un pouvoir tentaculaire.

 

L’essayiste formalise cette nouvelle architecture du pouvoir du 21e siècle comme un « Léviathan à deux têtes », distinguant le Big State (l’appareil d’État) du Big Tech (les géants technologiques).

Le tandem Trump-Musk en illustre les rouages. Ce dernier a notamment transformé X en une véritable « machine de guerre idéologique et en outil de propagande de masse » au service du mouvement MAGA.

Ce système repose sur la surveillance, un déluge infini d’informations (souvent fausses) et les algorithmes. L’auteure forge un nouveau mot pour le désigner, la « fluxcratie » qui anesthésie la capacité de réfléchir.

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Pour Asma Mhalla, ce phénomène relève d’un « fascisme simulacre », un néo totalitarisme invisible à l’œil nu car il conserve les apparences de la démocratie mais recourt à des techniques de manipulation cognitive comme le « gaslighting » pour faire douter les citoyens de leur propre perception de la réalité.

Sommes-nous victimes impuissantes de ce système ou complices de notre propre surveillance ? La force de l’essai est de croiser culture pop, analyse et philosophie, tout en incitant à la résistance car même si nous nous complaisons à le croire, nous ne sommes pas impuissants.

L’action peut donc prendre la forme d’un geste simple mais radical : éteindre les écrans, refuser le « matraquage de l’esprit » et préserver son attention.

Rire, vivre dans le réel et lire… Voici l’antidote à la machine du simulacre.