Cisjordanie. Silence, on tue (aussi)

 Cisjordanie. Silence, on tue (aussi)

Raid israélien sur le camp de réfugiés palestiniens de Jénine, le 2 février 2025. (Photo de MOHAMMAD MANSOUR / AFP)

Pendant que Trump et son dauphin sioniste se complaisent dans la souffrance des Gazaouis, disant aujourd’hui une chose et le lendemain son contraire, tandis que les soldats de Tsahal ciblent sans ménagement et sans pitié femmes et enfants palestiniens, vieillards et malades hospitalisés, dans une autre partie de la Palestine se joue un autre drame aussi scandaleux, aussi injuste et tyrannique.

En Cisjordanie, vivre sous l’occupation est également l’occasion de tirs de soldats israéliens au hasard sur des passants, des écoles bombardées sans sommation, des colons qui s’installent en expulsant les résidents. Bref, les rares contacts que nous avons encore avec des Palestiniens (en fonction des caprices contrôlés du réseau) font état d’une situation également chaotique.

À Jénine, la plus grande ville palestinienne située au nord de la Cisjordanie, dont le camp de réfugiés avait été évacué par la force de ses 30 000 habitants, l’armée israélienne est partout, avec l’objectif avoué d’éliminer la résistance palestinienne (civile soit dit en passant) à l’occupation.

« Les gens n’en peuvent plus, ils sont harassés, fatigués par ce climat de ni guerre ni paix, imposé par l’occupant. Nos enfants sont privés d’école ou, du moins, ils doivent se rendre dans un autre établissement beaucoup plus éloigné du domicile alors que les responsables éducatifs ne savent plus où donner de la tête tant les problèmes sont insolubles, si l’on tient compte des maîtres d’école qui n’ont pas pu rejoindre leur poste, ceux qui ne sont plus payés depuis des mois et des locaux à moitié détruits par l’armée de l’État hébreu. Vraiment nous sommes assiégés », s’indigne l’un de ces pauvres parents souffrant la mort pour leur progéniture et ne voyant pas d’issue honorable à une situation déjà intolérable !

Si intolérable que chaque jour apporte son lot d’injustices, comme ces coupures d’eau ou d’électricité sporadiques, ces arrestations arbitraires ou encore ces décisions iniques de l’administration coloniale israélienne qui contrôle tout par l’intermédiaire du COGAT, le coordinateur du gouvernement dans les territoires occupés, qui est l’unité de l’armée chargée des affaires civiles : des finances aux frontières, au cadastre, en passant par l’état civil, Israël contrôle tout.

Et l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas dans tout ça ? Censée gérer, entre autres, les quelque 3 millions d’habitants de la Cisjordanie, l’AP, qui recevait autrefois beaucoup de fonds des pays donateurs malgré les retenues iniques du Trésor israélien, a des caisses qui résonnent désespérément vides.

Le quotidien Le Monde, qui rappelle que « les militaires israéliens se permettent même de stationner aux portes du domicile du président palestinien, Mahmoud Abbas, 89 ans, à Ramallah », dénonce une structure minée par « les divisions entre les factions, régulièrement attaquée pour la corruption de ses responsables et les dérives clientélistes, incapable de s’opposer à l’extension continue des colonies en Cisjordanie, au point qu’Israël contrôle aujourd’hui 72 % du territoire, l’AP a perdu de sa légitimité ».

Selon les dernières données de l’Institut palestinien PCPSR, 81 % de la population ne veut plus entendre parler d’Abou Mazen, qui n’a rien à envier aux dictateurs des républiques bananières tenant d’une main de fer l’OLP et concentrant tous les pouvoirs depuis plus de vingt ans.

Sa police et ses services de sécurité, pourtant bien armés, sont là pour arrêter les sympathisants du Hamas et pour réprimer violemment tout mouvement de contestation des Palestiniens, et s’abstiennent de réagir lorsque l’armée israélienne tire sur des innocents ou envahit sans sommation et par la force un quartier.